Dans l’antre du magicien de la lumière
Cartier nous a ouvert les portes de ses ateliers de haute joaillerie. L’occasion de voir prendre forme son étourdissante collection Magicien.
Ilfautgravirunevoléedemarches pour pénétrer dans les ateliers parisiens ultrasécurisés de haute joaillerie de Cartier, où travaillent une soixantaine d’artisans, joailliers, horlogers, tailleurs de pierres gemmologues, sertisseuses, enfileuses de perles… Dans un espace baigné de lumière, chacun s’affaire pour terminer les 96 futures pièces de la bien nommée collection Cartier Magicien. « Jouer avec la lumière, c’est la clé. Nous avons une vision particulière de la joaillerie dessinée, qu’elle soit abstraite ou figurative. Nos créations les plus récentes font la part belle à l’art cinétique et expriment une symbolique forte. On essaie à chaque fois de repousser nos limites et d’inventer des choses », détaille Pierre Rainero, directeur du style et de l’image de
la maison Cartier.
Tout commence par la taille des pierres. La plupart des étapes sont réalisées à la main selon des techniques séculaires. Les outils modernes qui permettent les soudures au laser côtoient les bons vieux chalumeaux, les billots de bois et les enclumes. Derrière son établi, au milieu d’outils qui semblent empruntés à un dentiste, un artisan façonne un collier figurant une boule multifacettée de diamants. Il a fallu déployer des trésors d’inventivité pour mettre au point cette intrigante technique qui permet aux pierres précieuses de capter la lumière de si belle manière. « Avec ce collier, nous avons affaire à des diamants ronds facettés sur les côtés et littéralement cousus. Le défi était de trouver un fil d’une matière qui résiste à l’abras i o n d u d i a mant. I l no us é t a i t impossible d’utiliser du fil en métal, car nous aurions ainsi perdu la souplesse désirée », ajoute Pierre Rainero, encyclopédie vivante de la griffe. Dans l ’ a t e l i e r, u n a r t i s a n façonne une à une les taches en onyx et obsidienne d’une panthère sur un bracelet. Un pelage ultraprécieux plus vrai que nature et propre à Cartier. La culasse de chaque pierre est taillée à la meule avec des grains spécifiques pour s’ajuster parfaitement. Ici la patience est de mise, car cette opération prend plus d’une heure par tâche.
Plume d’oie. Suivront d’autres étapes de fabrication, dont le fameux polissage à la plume d’oie. Taillée au scalpel avec une arête très fine, elle reste ferme et souple pour polir les pierres précieuses sans les abîmer. Des fils de coton et une bonne dose d’huile de coude sont nécessaires pour faire briller chaque pièce qui sort de l’atelier.
De nombreuses pièces réalisées dans les ateliers de haute joaillerie sont transformables