Le style de père en fille
Chez les Buccellati, le talent se transmet à chaque génération. Rencontre avec Andrea et sa fille Lucrezia.
Il est parfois difficile de pousser à l’ombre des grands arbres. C’est sans doute ce qu’à dû ressentir Andrea Buccellati quand il a succédé à son père, Gianmaria, à la direction de la création du célèbre joaillier italien.
La griffe, qui a eu le génie de transposer les techniques de l’orfèvrerie à la joaillerie, maîtrise parfaitement le travail de l’or, qu’il prenne la forme de tulle, de dentelle ou de manchettes entièrement gravées, sur lesquelles le métal précieux semble strié, ciselé et même feuilleté. Dans cette famille d’orfèvres transalpins au style inimitable, la transmission se cultive génération après génération. Gianmaria Buccellati, célèbre pour son style flamboyant et ses créations inouïes, a marqué les esprits avec certaines pièces réalisées notamment avec sa madeleine de Proust : des perles baroques chinées au gré de sa longue carrière. Son fils Andrea a grandi dans les ateliers situés en plein coeur de Milan. Après l’école et pendant les vacances, il prenait place derrière les établis en bois. A 12 ans, il façonnait sa première bague en or, formé par un paternel aussi exigeant que talentueux. C’est donc naturellement qu’Andrea a aussi transmis son savoir-faire à sa fille, Lucrezia.
Cela dit, si le talent n’est pas soluble dans les gènes, chaque génération a su imposer sa personnalité et sa sensibilité, tout en respectant l’ADN de Buccellati. Car en toile de fond demeure le style inoxydable de la maison. « Il est artisanal et intemporel, tout en s’inspirant de la Renaissance. Il requiert un savoir-faire ancestral unique, détaille Andrea Buccellati, président et directeur artistique de la maison, encore détenue à 33 % par la famille et très courtisée par les investisseurs. Nous avons tous un style différent, mais très Buccellati. Mon grand-père était influencé par les Arts décoratifs, tandis que mon père était plus baroque, moins géométrique que moi. Quant à Lucrezia, elle a d’autres influences. J’adore les rubis et elle, les saphirs. »