Leçon de géométrie
Lignes droites, pliage savant du métal précieux, sertissage évoquant les Arts déco : les joailliers imaginent des parures très architecturées.
Depuis toujours, les motifs figuratifs sont une source inépuisable d’inspiration pour les joailliers. Faune et flore, animaux sauvages ou détails de mobilier ancien donnent naissance à des joyaux d’exception. Mais à côté de ce courant ultraréaliste, un grand nombre de joailliers jouent la carte de l’ultragraphique, misant sur des formes acérées, des constructions géométriques et des oppositions de teintes claires et sombres.
Chez Boucheron, au coeur de la dernière collection 26 Vendôme, la directrice artistique, Claire Choisne, frôle la perfection géométrique en puisant dans la grammaire du style Art déco. Après les années 1930, elle poursuit son exercice de style avec l’évocation de la colonne et des arches de la place Vendôme et un damier transformé en chahuté d’onyx et de diamants. Boucheron joue ainsi sur les oppositions nacre grise et blanche, pierre dure sombre et cristal de roche.
Pour sa nouvelle ligne Serpenti, Bulgari stylise à l’extrême les écailles du reptile afin de donner naissance à des hexagones, point de départ pour des pièces d’une imparable géométrie. Qu’ils soient pleins ou évidés, mais tous sertis de diamants et ourlés de rubis, saphirs et émeraudes, ces polygones assemblés les uns aux autres donnent naissance à des motifs mi-Art déco mi-années 1980.
Quant à Piaget, le joaillier suisse traduit sa quête de perfection rectiligne grâce aux gemmes taille baguette. Au sein de sa dernière collection haute joaillerie Sunny Side of Life, la maison s’amuse à composer un dégradé de couleurs glacées, assemblant ici et là des saphirs bleus et des diamants taille baguette, sertis ensuite sur de l’or blanc décor Palace, technique exclusive à Piaget consistant à strier puis rayer le métal afin de capter la lumière, le transformant en étoffe précieuse.
Alléger la haute joaillerie conduit aussi certains joailliers à plonger dans les formes géométriques. C’est le cas de Gaia Repossi. Chaque modèle de Suspensions, la dernière collection de boucles d’oreilles, n’est formé que des lignes droites comme des barrettes précieuses. Certaines, fixes, en supportent d’autres mobiles et pavées de diamants. Les pierres, uniquement taillées en poire, ovale ou marquise, semblent posées en équilibre sur les tiges d’or et tenir par miracle. Une leçon de rigueur qui a de quoi moderniser le port de la haute joaillerie