Le Point

Avec le principe de précaution ?

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doute sur un produit, est d’informer mes patients. Ne pas le faire serait une faute.

Vous écrivez, Jean de Kervasdoué, que l’agricultur­e intensive utilise de moins en moins de pesticides, mais vous oubliez de préciser que les molécules employées sont plus toxiques… J. de K. :

Elles ne sont pas plus toxiques, mais on est aujourd’hui plus capable de mesurer toute toxicité, c’est ainsi que de vieux produits ont été retirés du marché. Les agriculteu­rs n’ont ni envie de se tuer ni de tuer les abeilles. S’ils utilisent des molécules phytosanit­aires, c’est parce qu’ils les savent, dans certaines conditions d’usage, sans danger pour eux et l’environnem­ent. Laurent Chevallier croit qu’il existe un lien direct entre des traces infimes de telle ou telle substance dans les aliments et certaines maladies. Cela n’a pas été démontré. Les hommes ont toujours eu peur de ce qu’ils mangent ; cette angoisse, ils la transfèren­t, encouragés par les médias, sur ceux qui fabriquent le contenu de leur assiette.

Cela fait trente ans qu’on ne considère plus un aliment uniquement comme une somme de nutriments, on prend en compte ce qui se passe en amont et en aval dans la chaîne de production : résidus de pesticides, migrations de substances indésirabl­es, modes de cuisson délétères… On ne raisonne plus seulement en termes de quantité, mais de cocktail chimique. L’adage « seule la dose fait le poison » a fait long feu.

Le prétendu « effet cocktail » est une autre formule pour faire peur. Le Dr Chevallier s’estime légitime dans son combat noble, protéger les population­s, mais il le fait en fonction d’évidences scientifiq­ues discutable­s. Ce type de raisonneme­nt spécieux a conduit à l’interdicti­on des OGM en France. Un milliard d’êtres humains en consomment et ces craintes n’ont reçu aucune confirmati­on.

L. C. : J. de K. : Il faut donc autoriser la recherche sur les OGM en France ? J. de K. :

Non seulement la recherche, mais aussi la culture. Nous sommes tous des organismes génétiquem­ent modifiés, le produit de mutations. Sans mutations, il n’y aurait pas eu d’évolution. Il y a trente ans, la France fabriquait le premier OGM, aujourd’hui le monde entier, sauf nous, cultive des OGM. Nous en sommes réduits à importer du coton et du soja génétiquem­ent modifiés. Le paradoxe de la position française, c’est que les OGM sont une solution pour réduire l’utilisatio­n de pesticides, les plantes génétiquem­ent modifiées sont plus saines et rentables, car elles ne consomment pas de pesticides ou évitent des sarclages pour détruire les mauvaises herbes.

Je suis favorable à la recherche sur les OGM pour

L. C. :

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