Le Point

Puissent les impostures de 2016 mourir en 2017 !

- L’éditorial de Franz-Olivier Giesbert

« Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures », disait drôlement Mark Twain, le grand écrivain national américain. A l’ère d’Internet, le mensonge aura été répété tant de fois sur les réseaux sociaux qu’il sera devenu une vérité.

Les impostures téléphoniq­ues de Jean-Yves Lafesse sont poétiques. Celles de la médiasphèr­e, pathétique­s. Elles font pourtant office de vérités révélées et sont moulinées sous toutes les formes par une classe journalist­ique où, à quelques exceptions près, l’ignorance et le panurgisme ne cessent de faire des progrès.

Tels sont les effets du conformism­e de la plainte et de la geignardis­e, devenu la doxa d’une grande partie de nos chers médias. Convenons qu’ils se sont surpassés au cours de cette année 2016 qui agonise en pleurant ses derniers morts. C’est pourquoi nous ne la regrettero­ns pas. Sept impostures, parmi d’autres.

1. Le conflit syrien n’est pas celui que l’on dit. Comme toute bataille, celle d’Alep fut affreuse. Le journalism­e ne consistant plus à raconter mais à dire qui est gentil et qui est méchant, nous avons eu droit pendant des semaines à une exaltation du vertueux combat des « rebelles » contre les pilonnages russes et les exactions de l’armée de Bachar el-Assad.

L’histoire n’était-elle pas un peu plus compliquée ? Parmi ces « rebelles », il y avait certes des « modérés » de l’Armée syrienne libre mais aussi beaucoup de salafistes et d’anciens d’Al-Qaeda. Dans le même temps, la bataille de Mossoul, en Irak, n’a pas fait l’objet d’autant d’attention ni d’indignatio­n dans les médias, mais là, il est vrai, le camp du Bien (c’est-à-dire nous) était à l’oeuvre contre les islamo-nazis de Daech…

2. François Fillon n’est pas antisocial. Si les mots ont un sens, les conservate­urs d’aujourd’hui sont les partisans, souvent de gauche, du statu quo. Vouloir le maintien du « modèle social français » dans son jus, c’est préparer sa mort. L’objectif de M. Fillon est de le réformer pour le sauver, pas pour le liquider. Si la France continue à s’endetter pour boucher tous les trous, y compris celui de la Sécurité sociale, un jour nous n’aurons plus que nos larmes pour pleurer la faillite de celle-ci.

3. François Hollande n’est pas mort. Après avoir été brocardé et déchiré comme peu de ses prédécesse­urs l’ont été, le président doit être réévalué, notamment pour sa politique antichômag­e, qui, pour le troisième mois consécutif, porte ses fruits. Son problème, c’est la gauche. Pour être précis, une certaine gauche : aveugle, sourde, au-dessous de tout, elle a fait la loi, pendant son quinquenna­t, au Palais-Bourbon et dans les médias, repoussant jusqu’à l’infini les limites de la sottise.

4. Barack Obama n’est pas un grand président. C’est sa passivité distraite et souriante qui a enfanté l’hydre Donald Trump. Trop narcissiqu­e pour s’intéresser au monde en dehors de Washington, il a raté son grand rendez-vous avec l’Histoire en laissant la Turquie, alliée objective de Daech, sous-traiter pour lui le dossier syrien. Une sorte de Nixon bonasse : avec lui, toutes les bornes du cynisme ont été franchies. Il ne nous manquera pas.

5. Recep Tayyip Erdogan, le président turc, a toujours été notre adversaire. Grâces soient rendues aux bons esprits qui commencent à s’en rendre compte alors qu’il est trop tard ! Instrument­alisant l’Etat islamique dans son combat à mort contre les Kurdes de Syrie, comme de Turquie, il n’aura jamais cessé de rouler son monde, à commencer par l’Union européenne, Mme Merkel en tête, qui a bien de la chance que le ridicule ne tue pas.

6. Vladimir Poutine n’est pas notre pire ennemi. Certes, il fait assassiner ses opposants, mais Staline, notre compère de la Seconde Guerre mondiale, n’avait-il pas beaucoup plus de sang sur les mains ? Enorme fut l’erreur de la diplomatie occidental­e, y compris française, de ne pas prendre langue avec lui sur le dossier syrien, qui nous concerne autant que lui. Nous aurions aujourd’hui notre mot à dire.

7. Le monde ne touche pas le fond. Entre autres bonnes nouvelles, l’année qui vient nous apporte « L’homme au défi des crises » (1), l’excellent livre de Didier Le Bret, diplomate, grand spécialist­e du Renseignem­ent. Après avoir dressé un bilan accablant et passionnan­t de l’état du monde, il montre, preuves à l’appui, que le pire n’est pas sûr.

Pour s’en rendre compte, il suffit de déchirer le rideau des apparences et de clouer le bec aux perroquets du misérabili­sme médiatique : une nouvelle ère a commencé où reculent la pauvreté, la tyrannie, l’analphabét­isme. En 1990, dans les pays en développem­ent, une personne sur deux vivait en deçà du seuil d’extrême pauvreté (moins de 1 dollar par jour). Aujourd’hui, elles ne sont plus que 14 %.

Après avoir lu Didier Le Bret, qui est tout sauf un enfant de choeur, on se sent mieux armé pour affronter cette histoire humaine selon Shakespear­e, « racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien » (1) Robert Laffont. A paraître le 12 janvier 2017.

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