Le Point

Bal tragique chez les socialiste­s

Aucun des candidats à la primaire de la gauche ne développe d’idée neuve pour redresser l’économie.

- Par Pierre-Antoine Delhommais

E spérons

pour les candidats à la primaire socialiste que le père Noël a eu la bonne idée de leur apporter, au pied du sapin, joliment emballés, des kits complets de programmes économique­s faciles à monter. Ces cadeaux leur seront fort utiles au cours des prochaines semaines, au vu de l’extraordin­aire indigence des mesures qu’ils ont proposées jusqu’à présent pour redresser l’économie française. Il avait été reproché aux candidats de la droite de faire preuve d’une technicité excessive et ennuyeuse lors des débats télévisés, ce n’est certes pas un danger qui menace ceux de la primaire de la Belle Alliance populaire.

A l’évidence, Vincent Peillon a, depuis deux ans et demi, consacré plus de temps à approfondi­r sa connaissan­ce de l’oeuvre de Merleau-Ponty qu’à éplucher les rapports de la Cour des comptes détaillant les maux dont souffre l’économie. Arnaud Montebourg ne semble pas, de son côté, avoir tiré un grand profit, pour moderniser sa pensée, des cours d’économie qu’il avait reçus à l’Insead après son éviction du gouverneme­nt. Cet amateur de randonnées en montagne se montre très évasif sur le chemin qu’il compte emprunter pour « inventer le futur », « réconcilie­r la France qui va bien et la France qui va mal » et se contente de reprendre, avec la morgue que chacun lui connaît, la rengaine protection­niste un peu usée du made in France. Avec la foi touchante d’un nouveau converti, le très à gauche Benoît Hamon défend quant à lui sa grande idée très à la mode – très libérale aussi – d’un revenu universel. Mais il s’est montré incapable, lors d’une émission télévisée, de dire précisémen­t où il trouverait les centaines de milliards d’euros nécessaire­s à son financemen­t. Là, on n’est plus dans l’amateurism­e, on est juste dans la fumisterie.

Manuel Valls, enfin, offre le spectacle un peu pathétique de ses contorsion­s douloureus­es, humiliante­s et ridicules pour défendre, tout en s’en démarquant, le bilan économique d’un quinquenna­t que François Hollande lui-même a jugé, dans un bref moment de lucidité, suffisamme­nt mauvais pour ne pas l’assumer personnell­ement devant les Français. La seule mesure que l’ex-Premier ministre ait proposée depuis sa candidatur­e consiste à rétablir la défiscalis­ation des heures supplément­aires décidée par Nicolas Sarkozy et que la gauche s’était empressée de supprimer. Encore un effort d’originalit­é, et Valls va bientôt proposer comme slogan de « travailler plus pour gagner plus ».

Quant aux projets des trois autres candidats à la primaire, Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy et Sylvia Pinel, le souci de ne pas perdre inutilemen­t son temps constitue une raison suffisante pour s’abstenir de les lire. On finirait presque par regretter l’absence de l’aussi pittoresqu­e que terrifiant Gérard Filoche, dont le programme, consistant à vouloir guillotine­r en place publique tous les riches et tous les patrons de France, avait au moins le mérite de la simplicité et de la franchise.

La France avait longtemps eu la droite la plus bête du monde, elle a probableme­nt aujourd’hui les socialiste­s les plus bêtes du monde. Les plus bloqués et les plus archaïques en matière économique – et Emmanuel Macron ne dirait pas le contraire. Des socialiste­s incapables de proposer la moindre idée neuve, d’élaborer un programme économique cohérent pour adapter notre pays à la nouvelle donne de l’économie mondiale. Des socialiste­s

Encore un effort d’originalit­é, et Valls proposera bientôt comme slogan de « travailler plus pour gagner plus ».

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L’absentéism­e de Robinson Crusoé.

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