Outsider de la primaire à gauche, l’apparatchik « méprisé » espère renverser la table. Voici pourquoi.
«F loat like a butterfly, sting like a bee. » Pour son bureau quelque peu impersonnel du 11e étage de la tour Montparnasse, qui donne directement sur le nuage de pollution qui enveloppe la capitale, Benoît Hamon a fait le choix de la sobriété. Des différents lieux de travail qu’il a occupés par le passé, rares sont les objets de décoration qu’il a choisi d’apporter ici, près de lui, au sein de son QG de campagne. Disparue, la statue de Simon Bolivar qu’il rapporta d’une visite officielle au Venezuela. Introuvable, le cliché d’Albert Camus clope au bec, figure clé pour l’homme de 49 ans, chez lequel il dit « avoir tout trouvé : l’évasion, la philosophie, le sens de l’engagement » . En revanche, le grand cadre jaune dans lequel est incrustée une photo de Muhammad Ali, qui trônait dans son bureau ministériel à Bercy, est bel et bien là. On peut y lire cette fameuse réplique du boxeur américain : « Vole comme le papillon, pique comme l’abeille. » Un mantra que Benoît Hamon a fait sien, aujourd’hui plus que jamais.
Pour le candidat à la primaire de la gauche, ce 9 décembre est un jour particulier, charnière, oserait-on même. Dans la matinée, son lieutenant Roberto Romero est allé déposer ses parrainages au bureau de la Haute Autorité de la primaire. Mais, surtout, le « troisième homme » commence à entrevoir les conséquences positives de son passage réussi, la veille au soir, dans « L’émission politique » de France 2. Une « dynamique » , dit-on dans le jargon. Pour la première fois dans cette campagne, l’hypothèse Hamon est envisagée. Par les médias comme par ses collègues politiques, qui inondent son téléphone de SMS de félicitations. Celui qui « a toujours été dans la roue d’unetelle ou d’untel pour chercher à influencer l’équilibre du PS ou de la gauche gouvernementale » , dixit son ex-chef de cabinet Ali Rabeh, a désormais pris son envol, seul. Jusqu’à titiller le duo Valls/Montebourg ?
En tout cas, Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, commence à soupeser sa candidature. « Tout le monde pronostique un second tour Valls-Montebourg, mais qui sait aujourd’hui ? La campagne d’Arnaud n’imprime guère, alors que Hamon fait un boulot sérieux. Attention au petit Benoît ! La surprise pourrait venir de lui ! » glissait-il dans Challenges le 15 décembre. Un propos élogieux, mais qui peine à cacher le fond de condescendance contre lequel le Breton a dû batailler tout au long de sa carrière politique. « C’est fait pour me blesser, maugrée Hamon, loin d’être surpris par la sortie du patron du PS. Voilà, c’est toujours la même étiquette qui me colle à la peau… » Malgré des traits plus creusés et deux portefeuilles ministériels sur son curriculum vitae, Hamon reste l’éternel « petit Benoît » de Martine Aubry. Celui qu’on peine à prendre au sérieux. « Encore une fois, Benoît est victime de l’image construite par ses adversaires au fil du temps : celui d’un