Le Point

Malgré l’attentat de Berlin et les attaques de l’AfD, la chancelièr­e semble plus forte que jamais.

- PAR FRÉDÉRIC THÉRIN

Les yeux fermés, elle se recueille pendant quelques secondes. Habillée de noir, les traits tirés et le visage grave, Angela Merkel s’offre un court moment de répit dans la tempête qui la menace depuis moins de vingt-quatre heures. La veille, son pire cauchemar s’est produit. Au volant d’un camion, un terroriste islamiste a fait 12 morts et des dizaines de blessés sur un marché de Noël situé juste devant le portail de l’église du Souvenir, en plein coeur de Berlin.

C’est dans ce lieu ô combien symbolique, dont le clocher à moitié détruit par des bombardeme­nts de 1945 a été laissé en l’état, que la chancelièr­e, entourée de plusieurs de ses ministres, du président de la République et du maire de Berlin, a assisté, mardi 20 décembre, à une cérémonie oecuméniqu­e en hommage aux victimes. « C’est une journée difficile, a-t-elle expliqué quelques heures plus tôt lors d’une conférence de presse. Je suis, comme des millions de personnes à travers l’Allemagne, horrifiée, choquée et très triste de ce qui s’est passé hier soir à Berlin. » Un attentat particuliè­rement sanglant mais qui n’est pas le premier, ni sans doute le dernier.

Cette année, pas moins de sept attaques ont eu lieu en République fédérale. Le 26 février, une adolescent­e de 15 ans d’origine marocaine a grièvement blessé un policier d’un coup de couteau dans la gare de Hanovre. L’explosion d’une bombe devant l’entrée d’un temple sikh à Essen, le 16 avril, a, quant à elle, fait 3 blessés. Le 18 juillet, un migrant a blessé à la hache 5 passagers dans un train à Wurtzbourg. Quatre jours plus tard, un jeune Allemand d’origine iranienne a tué 8 personnes avant de se donner la mort près d’un centre commercial à Munich. Le 24 juillet, c’est un demandeur d’asile syrien qui a tué une femme à coups de machette. Et le même jour, un terroriste est mort dans l’explosion de sa bombe artisanale qui a fait 15 blessés à Ansbach.

L’attentat de Berlin marque un tournant dans l’horreur en raison du nombre de victimes, mais « il ne faut pas le comparer au 11 septembre », t e m p è r e He n r i k Uterwedde, le directeur adjoint de l’Institut franco-allemand de Ludwigsbou­rg. Angela Merkel sait toutefois que cette attaque la fragilise et donne du grain à moudre à ceux qui critiquent sa politique d’ouverture en faveur des demandeurs d’asile.

Les premières réactions n’ont d’ailleurs pas tardé à se faire entendre. Quelques minutes à peine après l’annonce du bain de sang, des tweets vengeurs de dirigeants du parti populiste et xénophobe AfD ont commencé à circuler sur la Toile. « Quand est-ce que l’Allemagne va contre-attaquer ? s’est emporté Marcus Pretzell, le leader de cette formation pour le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Quand est-ce que cette maudite hypocrisie va prendre fin ? Ce sont les morts de Merkel… » Sur sa page Facebook, la porte-parole du parti a, elle aussi, pointé du doigt la responsabi­lité supposée de la chancelièr­e

Newspapers in French

Newspapers from France