Le Breton a bouclé son tour du monde en moins de cinquante jours.

«C ’est mon 49.3 à moi » , a plaisanté Thomas Coville en arrivant dans le goulet de Brest, montranttr qu’il n’avait perdu ni son goût de l’humour,l’h ni le sens des réalités politiques,ti lui qui venait de boucler un tour du monde en 49 jours, 3 heures et 7 minutes. Un temps époustouflant pour parcourir seul, désespérément seul, 53 000 kilomètres d’océan à 24 noeuds de moyenne. Ce qui suppose des pointes à plus de 70 kilomètres/heure sur un enginen de 31 mètres qui rebondit sur des vaguesva dépassant souvent la hauteur d’und’ immeuble de quatre étages, dans des parages glacés où rôdent les icebergs. Il était parti d’Ouessant cinq jours après la Toussaint, il y est revenu le soir de Noël en explosant le record de Francis Joyon de plus de huit jours. Thomas Coville avait tenté déjà quatre fois de le battre. La cinquième a été la bonne. Avec un nouveau trimaran construit autour des flotteurs et des bras de liaison du « Géronimo » d’Olivier de Kersauson, dont l’ingénieur qu’est Coville avait vu tout le parti qu’il pouvait en tirer. Il l’a même complété, façon puzzle avec les dérives à foil d’ « USA 17 », le multicoque vainqueur de la Coupe de l’America. La machine seule ne suffit pas : « Je savais qu’il allait réussir, dit Olivier de Kersauson, parce qu’il avait accepté de souffrir. » Coville raconte le goût du sang dans la bouche en portant des voiles de 200 kilos gorgées d’eau, d’un bord à l’autre, à chaque virement. Il se souvient de l’océan Indien où une mauvaise blessure s’est infectée au point qu’il a eu peur d’y laisser sa jambe. Il revit ses nuits, l’écoute de grand-voile à la main, prêt à la larguer parce que l’un de ses flotteurs montait dangereusement et que, sur une coque, le bateau était prêt à se retourner. Francis Joyon a dit abruptement de l’exploit de Coville : « Cette fois, la mer a bien voulu le laisser passer. » Humilité de marin devant la nature ou déception d’avoir perdu son titre ?