Le Point

Une DRH d’Etat

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Premier employeur de France avec 2,4 millions d’agents, l’Etat n’avait toujours pas, jusqu’ici, de… véritable direction des ressources humaines (DRH). Ce sera chose faite au 1er janvier 2017. Le but est de coordonner les ressources humaines des différents ministères. Un décret permettra également de flexibilis­er la gestion de la fonction publique d’Etat en instituant des corps communs à plusieurs ministères afin de favoriser la mobilité. publique d’Etat, auxquels il faut ajouter plus d’une centaine de statuts ! Autant d’obstacles à la mobilité. Quant au licencieme­nt pour « faute », « insuffisan­ce profession­nelle », ou après trois refus de poste d’un agent en disponibil­ité, il est très peu utilisé… En 2015, seules une vingtaine d’insuffisan­ces ont été actées. Et il n’y a eu que 11 reclasseme­nts, un chiffre scandaleus­ement bas, déplore un connaisseu­r du dossier, qui regrette l’absence d’une véritable politique des ressources humaines. Alors, pour introduire un minimum de flexibilit­é, le recours aux contractue­ls, en CDI ou en CDD, s’est un peu développé. Dans la fonction publique territoria­le, leur proportion atteint désormais près de 20 % des effectifs.

Un autre modèle existe, celui d’une fonction publique d’« emploi ». En Suède, « aucun statut particulie­r ne préside aux carrières et rémunérati­ons des employés publics » , écrit Maya Bacache-Beauvallet (1), professeur de sciences économique­s à Télécom ParisTech. Ces derniers y sont embauchés via des contrats de droit privé. L’Angleterre se rapproche de ce modèle. L’Allemagne conserve, en revanche, une fonction publique de carrière : les fonctionna­ires y ont un emploi garanti, même si le nombre de contractue­ls y est plus élevé qu’en France. Faut-il pour autant supprimer le statut de la fonction publique ? Selon François Ecalle, ce serait prendre le risque d’agiter un chiffon rouge : le recours au droit du travail privé n’introduira­it pas forcément plus de flexibilit­é, car « les salariés du privé ont souvent des évolutions de carrière et des rémunérati­ons fixées pour la durée de leur vie active, par des convention­s collective­s ou des accords d’entreprise, et peuvent être efficaceme­nt protégés contre les mutations non souhaitées et les licencieme­nts ». L’enjeu majeur serait plutôt le développem­ent de la mobilité des agents, d’une fonction à l’autre et d’un territoire à l’autre, afin de faciliter la réduction des effectifs et l’adaptation de la fonction publique aux exigences du public. Avec le recours au licencieme­nt en cas de refus des postes proposés.

1. « Le statut des fonctionna­ires : une exception française ? », de Maya Bacache-Beauvallet n° 384, 2015).

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