Le Point

Comment supprimer 500 000 postes

C’est une mesure phare de François Fillon. Réalisable ? Oui, mais pas facile...

- PAR MARC VIGNAUD

Acoup sûr, c’est l’une des propositio­ns de François Fillon qui seront le plus attaquées pendant la campagne présidenti­elle. Par la gauche évidemment, mais pas uniquement. Par le Front national aussi, comme par une partie de la droite ou du centre. Le vainqueur de la primaire va donc devoir expliquer comment il compte supprimer 500 000 postes sans mettre en danger les services publics.

Son raisonneme­nt est d’ores et déjà rodé. La France compte près de 5,5 millions d’agents publics. Passer à 5 millions serait donc tout à fait possible, puisqu’il s’agirait de couper moins de 10 % des effectifs en cinq ans. Pour faire absorber ce choc à la machine publique, François Fillon compte d’abord augmenter le temps de travail de 35 heures à 39 heures. Une hausse qui sera évidemment assortie d’une contrepart­ie. Les agents seraient payés 37 heures mais travailler­aient 39. Leur traitement mensuel augmentera­it donc, mais leur salaire horaire, lui, diminuerai­t bel et bien. De quoi, selon Fillon, compenser une partie de la baisse des effectifs.

Autre levier, le nombre de départs à la retraite. Le rythme observé en 2015 en laisse présager un peu moins de 600 000 pendant le prochain quinquenna­t. Largement de quoi atteindre la cible du candidat. Mais ne remplacer aucun départ relève de la mission imp o s s i b l e . Ce l a r e v i e n d r a i t à supprimer massivemen­t des policiers, des gendarmes ou des infirmière­s, et à priver la fonction publique de toute nouvelle force vive pendant des années.

François Fillon propose donc de revenir au non-remplaceme­nt d’un départ à la retraite sur deux qu’il avait appliqué à la seule fonction publique d’Etat lorsqu’il était Premier ministre. Cette fois, cette règle serait étendue aux administra­tions de la Sécurité sociale (la fonction publique hospitaliè­re et les caisses de Sécurité sociale) et aux collectivi­tés territoria­les. De quoi supprimer environ 250 000 postes. Pour atteindre son objectif, le candidat ne pourra donc pas en rester là. Il affirme vouloir s’attaquer aux contractue­ls. Avec 100 000 fins de contrat par an, la règle du « un sur deux » permettrai­t de supprimer 50 000 postes supplément­aires par an. Soit 250 000 de plus. En théorie, le contrat est rempli. La pratique, elle, pourrait être plus délicate…

François Fillon appliquera-t-il sa règle de non-remplaceme­nt d’un départ sur deux à la retraite de manière uniforme ? Lorsqu’il était Premier ministre, cela avait abouti à la suppressio­n de 5 270 gendarmes et de près de 3 500 policiers entre fin 2007 et fin 2011. Et encore, une partie de la diminution des effectifs des policiers avait été

Pour atteindre son objectif, François Fillon compte d’abord augmenter le temps de travail des agents à 39 heures, mais payées 37.

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