Le Point

Ils ne font pas les 35 heures !

Quand le maire entend faire travailler ses agents à la durée légale…

- PAR MARIE BORDET

La Rochelle, ses tours du VieuxPort, ses belles maisons à arcades et ses restaurant­s de fruits de mer. Une jolie carte postale au mois d’août. Mais La Rochelle, c’est aussi une municipali­té embourbée dans une grande réforme du temps de travail de ses agents. Les discussion­s sur ce sujet, souvent conflictue­lles, ont commencé en octobre 2015…

Retour en arrière. Jean-François Fountaine (divers gauche), élu à la tête de la ville au printemps 2014, reçoit un beau jour dans sa boîte aux lettres un rapport de la chambre régionale des comptes. Les magistrats écrivent noir sur blanc que les 2 500 agents de la ville, du centre communal d’action sociale, ainsi que ceux de la communauté d’agglomérat­ion de La Rochelle ne respectent pas la loi sur le temps de travail. Ils n’effectuent pas le minimum légal de 1 607 heures annuelles ! En fait, ils travaillen­t bien 35 heures par semaine mais bénéficien­t de 9 jours de congés supplément­aires en plus des 25 jours légaux, soit un total de 34 jours, qui résultent d’un accord passé en 2001 avec l’ex-maire socialiste, Maxime Bono. Cela fait donc quatorze ans que les fonctionna­ires posent des vacances dans l’illégalité !

Jean-François Fountaine prend alors la folle décision de faire respecter la loi sur le temps de travail. Les négociatio­ns s’engagent à l’automne 2015. L’idée est simple : pour revenir dans les clous, il suffit de réduire les congés des agents de 9,5 jours par an. D’emblée, les syndicats CGT et SUD refusent de participer aux négociatio­ns. La CFDT et FO prennent le parti de jouer le jeu, « pour sauver ce qui peut l’être » , dixit Lydia Barrutaud, de la CFDT. Le climat se tend très vite. La salle de réunion de la mairie est envahie à plusieurs reprises par des opposants à la négociatio­n qui interrompe­nt les débats en tapant sur des casseroles. En juin 2016, le comité technique paritaire réunissant élus et syndicalis­tes, qui est chargé de concevoir la réforme, doit se tenir hors de la mairie dans un endroit sécurisé par la police nationale. La séance se déroule au musée d’Orbigny-Bernon, musée d’histoire locale fermé depuis quatre ans, qui dispose de salles de réunion et… de grandes grilles pour protéger le bâtiment. « Nous sommes faroucheme­nt contre cette réforme. Elle nous fait passer pour des feignants, que nous ne sommes évidemment pas, et surtout toute cette histoire de temps de travail est en fait un alibi pour réduire les effectifs et casser les services publics » , explique Sylvie Geffré, représenta­nte SUD des agents municipaux.

Nouveau régime. Un accord a finalement pu être trouvé en juillet 2016. Les agents travailler­ont 9,5 jours de plus par an et toucheront en compensati­on la somme de 600 euros net par an. Soit un budget annuel de plus de 1,5 million d’euros ! Ils auront aussi, pour certains, la possibilit­é de cumuler les RTT pour bénéficier d’une semaine de vacances d’affilée.

Cela fait quatorze ans que les fonctionna­ires posent des vacances dans l’illégalité…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France