Le Point

L’écrivain entre dans la prestigieu­se collection « Les Cahiers de L’Herne ». Un volume regorgeant d’inédits sur sa mère, son père, et d’échanges vigoureux avec ses contempora­ins. Extraits exclusifs.

- PAR CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT

«M onsieur Houellebec­q, pourquoi écrivez-vous ? » A la question que lui pose l’hebdomadai­re allemand Der Spiegel, en octobre 1999, voici ce que répond l’écrivain : « Je veux refléter le monde. » Dans la même interview, celui qui est alors l’auteur de deux romans, « Extension du domaine de la lutte » (1994) et « Les particules élémentair­es » (1998), a aussi cet échange avec ses deux interviewe­urs : « En théorie, les écrivains américains devraient être meilleurs que les écrivains européens. – Pourquoi ? – Parce que le pays est pire. » Tout Houellebec­q est là : « refléter le monde » contempora­in, mais surtout trouver le plus puissant des stimulants romanesque­s dans le « pire » de ce monde. En prendre non seulement acte, mais sa part, en s’y immergeant avec une grâce squalesque et par là réussir à s’en délecter. Du moins à nous le faire croire. Du supermarch­é aux filles numérotées de Pattaya, du rêve de clonage à celui d’une religion prenant en charge tant d’aspects de la vie de l’homme qu’elle offre enfin à celui-ci l’apaisement, Houellebec­q aura été ainsi celui qui nous a fait prendre des horreurs pour des délices, avec un charme fou qui tient beaucoup à son humour ultranoir et à son sens du montage « cut » . Il ne faut pas oublier qu’il est un grand lecteur de Baudelaire, le poète qui a osé faire d’une charogne la nouvelle origine du monde. Voilà pourquoi le Cahier de L’Herne qui paraît le 4 janvier sous la direction d’Agathe Novak-Lechevalie­r, et dont nous vous livrons des extraits en exclusivit­é, est un événement pour qui est passionné par l’écrivain et ses livres. D’abord, parce que L’Herne va bien à celui qui, poète puis romancier, puis chanteur, puis réalisateu­r, puis acteur, puis artiste – sans jamais perdre aucune de ces identités – s’apparente de plus en plus à une hydre fascinante (avec ici, le « H » de Houellebec­q en plus), une hydre dont il ne serait pas question de couper les têtes mais de regarder pousser, fasciné, les nouvelles. Ensuite, parce que regorgeant de contributi­ons d’artistes (d’Iggy Pop à Emmanuel Carrère), mais surtout de textes inédits de l’écrivain, comme « Mourir », écrit en 2005, où il évoque sa mère et son père, cette très riche mosaïque houellebec­quienne offre un éclairage sans pareil sur un créateur pour qui l’heure de la soumission à l’époque n’a décidément pas encore sonné

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