Le Point

Vins : Cos-Labory, bien enraciné

Un grand cru classé médocain familial, abordable et surtout délicieux.

- J. D.

En montant vers le nord du Médoc, passé saint-julien le fruité, pauillac l’austère, on atteint saint-estèphe, 1 250 hectares, cinquante foyers viticoles dont une trentaine de crus bourgeois ou ex-bourgeois, deux crus artisans, une cave coopérativ­e et cinq crus classés en 1855 : Montrose, Cos-d’Estournel, Calon-Ségur, Lafon-Rochet et Cos-Labory. Ces deux derniers figurent parmi les rares propriétés encore familiales. A Cos-Labory, 18 hectares, un détachemen­t de l’ancien Cos-d’Estournel opéré au moment de la Révolution, la famille Audoy pratique l’accueil à la propriété sans chichis, la vente sur place et des prix doux. Les Audoy ne se sont jamais inscrits dans la course aux armements en vue de la conquête de l’Amérique. En clair, on n’y a jamais pratiqué le tout-barriques neuves, la récolte à minima et les extraction­s musclées. Ici, on fait des vins buvables, pas des bêtes à concours destinées à bluffer les dégustateu­rs. Mieux, on ne triche pas. Quand d’autres n’avoueraien­t que sous la torture leur recours, parfois, à la machine à vendanger, Bernard Audoy balance franco : « On fait les deux, vendanges machine et à la main. A la sortie, sur la table de trie, les vendanges machine sont plus propres. Je n’ai pas honte de le dire. On fait du bon travail, mais faut y aller doucement et avoir du bon matériel. » Une famille de propriétai­res vignerons présents sur le domaine depuis 1922. « C’étaient des cousins du côté de ma mère, des Argentins, qui avaient acheté. Pour s’en occuper, ils avaient envoyé mon grand-père, qui était américain. Il s’est marié à une Française de Nantes. Mon grand-père est reparti aux Etats-Unis de 1943 à 1947. Le frère de ma mère, mon oncle, y est resté et aujourd’hui j’ai des cousins américains… J’en vois un à Washington de temps à autre » , s’amuse Bernard Audoy. Bernard fut le premier des fils à assurer la continuité, rejoint ensuite par Stéphane et enfin Martial, le plus jeune des trois frères. Pas de compagnie financière ou de mutuelle pour assurer les investisse­ments, et cependant le trio a modernisé chais et bâtiments, rendu sa vocation de cru bourgeois à Andron-Blanquet, leur seconde propriété, et donné un bel élan àCos-L ab or y tout en le maintenant accessible à la clientèle hors CAC 40…

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Bernard Audoy pratique la vente à la propriété sans chichis.

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