Le Point

Les drôles de clients de la Monte Paschi

Révélation­s. La plus vieille banque du monde est au coeur d’un scandale. Son ancien directeur à Paris a consenti des prêts aventureux…

- PAR MÉLANIE DELATTRE

Tel le Petit Poucet, les douaniers qui enquêtent sur les drôles de pratiques de la Monte dei Paschi di Siena à Paris n’ont qu’à suivre les cailloux laissés derrière lui par l’ancien directeur général de la banque en France. Ou plutôt les bouteilles de chianti et de montepulci­ano issues du domaine de Poggio Salvi, en Toscane, que ce banquier de 60 ans possède avec sa femme et son fils. N’hésitant pas à jouer les VRP auprès des clients de son établissem­ent, Roberto Bonucci a vendu sa production par palettes entières (et au prix fort) à des entreprene­urs acculés financière­ment, à des restaurate­urs aux fins de mois difficiles et à des individus peu fréquentab­les prêts à tout pour détenir un compte à la prestigieu­se Monte Paschi. Le point commun entre ces acheteurs de vino nobile ? Tous ont été chouchouté­s par Roberto Bonucci, souvent contre l’avis de ses équipes, du temps où ce dernier dirigeait la filiale hexagonale de la banque.

L’époque où entreprene­urs étranglés et escrocs négociaien­t leurs crédits dans la bonne humeur à la table d’il direttore, chez Rebellato, le restaurant italien préféré de Nicolas Sarkozy, dans le 16e arrondisse­ment parisien, est révolue. Désormais, le nom de Monte dei Paschi di Siena ne rime plus avec facilités bancaires, mais avec scandale planétaire. En Italie, la plus vieille banque du monde est au bord de la banquerout­e : très affaiblie par de monumental e s pe r t e s d e tr a d i ng , résultant elles-mêmes de transactio­ns risquées visant à maquiller ses comptes, elle a ruiné ses actionnair­es et ne doit sa survie qu’à l’interventi­on de l’Etat italien (voir encadré pages suivantes). Jusque-là épargnée, la filiale française est, elle, dans le collimateu­r de plusieurs services d’enquête policiers et douaniers, surpris de croiser un peu trop souvent la Monte Paschi en marge d’affaires sur lesquelles ils travaillen­t.

Il y a d’abord ce généreux prêt de 4 millions d’euros dont a bénéficié Thomas Fabius pour acheter

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France