Notes de lecture
La passion de Proust pour la stratégie militaire (« Le côté de Guermantes ») lui sera bien utile à la sortie de son premier roman, chez Grasset, le 14 octobre 1913.
L’inventeur du page turner.
Mode amoureux unique : un homme intelligent aime sans retour une idiote (Swann et Odette ; le narrateur et Gilberte, Oriane, Alix, Albertine ; SaintLoup et Rachel ; Charlus et Morel, dans ce cas un idiot.)
Une bande-son pour « A l’ombre des jeunes filles en fleurs » : « Sea, Sex & Sun ».
Lire Proust et arrêter d’écrire ou écrire Proust et arrêter de lire ?
Son côté raseur.
Les seules personnes dont il pense et dit du bien, en dehors de sa famille : les jeunes officiers de Doncières, tous antidreyfusards.
Impossible de lire la « Recherche » au soleil : il faut être enfermé, comme Proust quand il l’a écrite.
Sa description du téléphone, devenue inepte comme le sera dans un siècle celle du smartphone.
L’âge de Marcel n’est jamais indiqué, car il n’en a pas.
Disparition de la maman du narrateur après le baiser de Combray.
Exclu du roman, Robert, son frère médecin, punira Proust en lui faisant une piqûre douloureuse et inutile juste avant sa mort.
Et si l’oeuvre de Marcel Proust était, comme celles d’Albert Cohen et de Patrick Modiano, une vengeance contre les antisémites : ceux de l’affaire Dreyfus pour le premier, ceux des années 1930 pour le deuxième et ceux de l’Occupation pour le dernier ?
La « Recherche » n’est pas une saga, mais un seul roman divisé arbitrairement en plusieurs parties : le lire donc en « Quarto », son édition la plus fidèle, bien que la plus tardive.
Bréviaire de la haine de classe. Le martyr de la délicatesse.
Un seul amour réciproque, celui qu’il y a entre une mère et son fils.
Page 962 : « Robert ignorait presque toutes les infidélités de sa maîtresse… » Trois lignes plus bas : « Il ignorait presque toutes ces infidélités. » La répétition qui empêche Proust de dormir dans sa tombe depuis le 18 novembre 1922 ? Comme le « nous fîmes quelques pas à pied » (page 1047) ?
Misogynie à part : « Dans la vie de la plupart des femmes, tout, même le plus grand chagrin, aboutit à une question d’essayage » (page 1006).
Forte envie, après la « Recherche », de lire ou relire Mme de Sévigné et SaintSimon
« Une bande-son pour “A l’ombre des jeunes filles en fleurs” : “Sea, Sex & Sun”. »