Kim et les papys braqueurs
Kim Kardashian dévalisée par des doyens du banditisme ? Les dessous d’une incroyable enquête.
C’est dans les vieux pots qu’on ferait les meilleures confitures… La Brigade de répression du banditisme (BRB), qui a réalisé un coup de filet décisif lundi 9 janvier dans le cadre de l’enquête sur le braquage de Kim Kardashian, soupçonne Pierre Bouianère, 72 ans, d’être le cerveau de l’opération qui a permis de rafler 9 millions d’euros de bijoux dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016. Son dernier délit remonte à 2006, quand la PJ de Nice l’avait interpellé en possession de 2 kilos de cocaïne. Depuis, il n’a plus guère fait parler de lui. Originaire de Paris, il s’est retiré il y a près de vingt ans sur la Côte d’Azur, jetant son dévolu sur une villa sans charme des hauteurs de Grasse. « Se retirer, c’est juste une expression ! confie un enquêteur niçois. Il considérait qu’il n’avait pas assez d’argent pour finir sa vie tranquillement. On l’apercevait régulièrement dans des rendez-vous avec les voyous de la région, cherchant à faire le coup qui le mettrait définitivement à l’abri. » Selon une source proche de l’enquête, il serait monté à Paris la veille du saucissonnage de la star américaine pour superviser le coup, voire pour prêter main forte au commando. Mais, à ce stade de l’enquête, il n’est qu’un suspect parmi d’autres.
Parmi les 17 interpellations, un autre vétéran, Marceau Baumgertner, 64 ans, condamné à onze reprises pour recel et fausse monnaie. Cette fois, ni son fidèle teckel Capone ni ses amis de la Boissière, le quartier situé sur Montreuil et Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), n’ont entravé le travail de la police. Quand la BRB déboule lundi à 6 heures du matin chez ce vieux routier du banditisme, issu de la communauté du voyage, sédentarisé de longue date et spécialisé dans la revente d’or fondu, les policiers ont en mémoire son arrestation par l’Office central pour la répression du faux-monnayage, qui avait dû faire face à un barrage de jeunes des cités voisines.
Lino Ventura. Baumgertner, un air de Lino Ventura, qui fait son quintal, a bien choisi son repaire, au coeur d’une enfilade de logements sociaux. Mais ce matin-là, le papy du banditisme et sa compagne, Stéphanie H., de vingt ans sa cadette, se sont laissé embarquer sans histoires. Placé sous contrôle judiciaire ces deux dernières années avant d’être acquitté en juin par la cour d’assises de Paris dans un trafic de 10 millions de faux euros écoulés en France, il n’aura connu qu’un court répit.
Après quatre jours de garde-àvue, les déferrements des uns et des autres donneront une indication sur les soupçons qui pèsent sur eux et surtout sur le rôle de chacun des 17 interpellés, en particulier celui du chauffeur de Kim Kardashian. A Paris, les hommes du 36, quai des Orfèvres ont mis la main, rue de Bretagne, sur 140 000 euros en liquide. Est-ce une partie du butin tiré de la revente des bijoux ? Pour le moment, son propriétaire s’est montré mutique.
Lors des différentes affaires où il a dû se justifier devant la justice, Baumgertner n’a en tout pas caché ses liens avec des diamantaires d’Anvers. Le magistrat instructeur chargé de l’enquête a d’ailleurs saisi un juge d’instruction d’Anvers fin octobre. Ce dernier devrait analyser les numéros de téléphone belges et visionner des vidéos réalisées par la BRB aux fins d’identification des suspects de recel. Mais, malgré une réputation qui fait fantasmer dans les rédactions et les services de police spécialisés, Baumgertner a régulièrement été mis hors de cause. « On l’a accroché à plusieurs reprises, mais, si les procureurs requièrent sa condamnation, à la barre, il est souvent acquitté ou condamné à des peines légères », rappelle un officier de police judiciaire qui a participé à l’enquête ayant mené Baumgertner aux assises en juin.
En dérobant 9 millions d’euros de bijoux à la star de téléréalité – un casse relayé en mondovision –, les malfaiteurs s’en sont aussi pris à l’image de Paris « capitale mondiale du tourisme », enflammant les réseaux sociaux et les médias américains, qui ont transformé la ville en no go zone… Contactés par Le Point, les avocats de Pierre Bouianère et Marceau Baumgertner n’ont pas souhaité répondre
Parmi les 17 interpellations, Marceau Baumgertner, 64 ans, condamné onze fois pour recel et fausse monnaie.