La vieille dame indigne du système bancaire italien
Fondée en 1472, la Monte dei Paschi di Siena (BMPS) est la plus ancienne banque au monde. Avec 2 000 agences dans la péninsule et 5 millions de clients, elle est le 3e institut financier italien. Mais les erreurs qu’elle a commises depuis une dizaine d’années l’ont conduite à la faillite.
Les ennuis commencent en 2006 avec le rachat, pour 9 milliards d’euros, de la banque Antonveneta. Compte tenu des dettes d’Antonveneta, la transaction s’est révélée beaucoup plus chère, avoisinant 17 milliards. Et si ces milliards à débourser pèsent déjà lourd en 2006, leur poids devient insupportable avec la crise financière de 2008.
Pour renflouer ses finances exsangues, BMPS commercialise alors des produits dérivés à hauts risques. Le remède se révèle pire que le mal et les pertes s’ajoutent aux pertes. Alors que des centaines de milliers de petits épargnants à qui ces produits avaient été vendus comme des « placements de bon père de famille » sont potentiellement ruinés, le management truque les comptes. Les dirigeants sont
emprunt accordé par Bonucci, afin de permettre à son client d’acheter le fameux appartement. Ce prêt marque le début des ennuis pour la banque, citée dans l’enquête diligentée en France contre Thomas Fabius pour « faux, escroquerie et blanchiment ». Le nom de la vénérable institution apparaît également dans les investigations du bureau du procureur du Nevada, qui a émis un mandat d’arrêt contre l’indélicat Frenchie en 2013. En effet, pour régler sa note de 1,6 million de dollars à l’hôtel-casino Palazzo de Las Vegas, ce joueur invétéré a signé trois chèques en bois… de la Monte Paschi.
Profil à risque. L’épisode fait beaucoup rire Marco Mouly, condamné à huit ans de prison pour son rôle dans le « casse du siècle », arnaque à la TVA sur les quotas de CO2 d’un montant record de 1,5 milliard d’euros. Lors d’une interview accordée au Point en marge de son procès, en mai 2016, cette figure de Belleville raille avec la gouaille qui le caractérise la Monte Paschi, « bien enfumée par le fils Fabius » . Et propose d’appeler devant nous son « ami Bonucci » pour évoquer l’épineux sujet du financement de l’appart e ment ! Habit ué s d u même fortement influencés par le pouvoir politique, celui de cette Toscane de gauche, et ils ne sont jamais avares pour prêter sans garanties aux amis et aux amis des amis. Résultat : 45 milliards d’euros de créances douteuses.
Ainsi, la BMPS a totalisé 14 milliards d’euros de pertes entre 2011 et 2015. L’institution, qui capitalisait 15 milliards en 2008, ne pesait que 500 millions fin 2016 malgré les 8 milliards d’augmentation de son capital. Et elle ne disposait que de trois semaines de trésorerie devant elle… Mais il faut à tout prix sauver BMPS, car sa faillite risque de faire chuter tout le système bancaire transalpin. D’ici au mois prochain, l’Etat italien garantira 15 milliards d’obligations qui permettront de colmater les brèches de la trésorerie et la recapitalisera – ce qui revient pratiquement à une nationalisation – de 8 milliards d’euros. Au nez et à la barbe du bail in, ce règlement européen censé empêcher l’utilisation de fonds publics pour sauver les banques en difficulté… restaurant chic du 8e arrondissement, La Casa di Delfo, ces deux personnes qui n’auraient jamais dû se croiser font connaissance en 2015. Mouly propose à l’Italien de le mettre en relation avec un important marchand de biens parisien, Didier Chabut, dont le patrimoine immobilier et le réseau font aussitôt saliver le patron de banque. Chabut est en effet associé, au travers de sa Compagnie des immeubles parisiens, avec le magnat des télécoms Xavier Niel. Les deux hommes détiennent ensemble plusieurs hôtels particuliers et joyaux architecturaux dans la capitale. Une aubaine pour Roberto Bonucci, qui rêve
d ’ a t t r a p e r d a ns s e s f i l e t s l e fondateur de Free et d’en faire l’un des clients de la Monte Paschi.
Dédaignant l’avis des services de conformité de la banque, qui attirent son attention sur le profil à risque de Mouly, spécialiste des escroqueries à la TVA, Bonucci lui ouvre un compte assorti d’une autorisation de découvert de 20 000 euros. Il accorde également une enveloppe de prêt de 15 millions d’euros à DCI Immobilier, l’une des sociétés de Chabut, afin, notamment, de refinancer sa villa de Saint-Tropez. Alors même que ce dernier, en grande difficulté financière, a épuisé nombre de ses banquiers, Roberto Bonucci pèse de tout son poids pour que l’affaire se fasse : il profite de la règle qui l’autorise, en tant que directeur général, à accorder de manière discrétionnaire des crédits, pour imposer sa volonté.
Pourtant, comme l’a raconté le magazine Challenges, Chabut est sous le coup d’une information judiciaire depuis 2013. Des mouvements suspects sur ses comptes ont intrigué le gendarme antiblanchiment Tracfin, qui a fait un signalement au parquet. Désespérément à la recherche d’argent frais, l’entrepreneur a emprunté 4 millions d’euros à un pool de voyous proche de la bande du CO2, dont Mouly
Les douaniers découvrent que ce patron de banque fraie avec leurs cibles.