Le Point

Hypocrisie­s syriennes

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Que de contorsion­s ! Les quelques partisans, chez nous, de Bachar el-Assad doivent se livrer à une périlleuse gymnastiqu­e intellectu­elle pour le défendre. Certes, il ne s’en prend pas à la minorité chrétienne. Mais on a beau chercher, on ne trouve pas chez cet assassin de masse quoi que ce soit de respectabl­e… Certains, à l’inverse, se croient obligés, pour dire leur exécration – légitime – d’Assad, de fermer les yeux sur la nature d’une bonne partie des « rebelles », qui comptent tout de même dans leurs rangs des disciples d’Al-Qaeda. Auraient-ils oublié les morts de New York, de Madrid ou de Londres ? Ceux du Mali ou d’Indonésie, massacrés par des « filiales » de l’organisati­on ? Ceux de Charlie Hebdo, dont le meurtre a été revendiqué par Al-Qaeda au Yémen ? D’autres factions de « rebelles », si elles ne prônent pas le djihad internatio­nal, n’en ont pas moins une idéologie très proche. Et pourtant, on en fait un peu vite des modérés, presque des centristes… Comme si les atrocités de l’Etat islamique avaient déréglé les boussoles de la raison. La réalité, difficile à accepter, c’est qu’en Syrie il y a parmi les forces combattant­es de moins en moins de sympathiqu­es démocrates avec lesquels on souhaite s’afficher. Quant aux puissances étrangères influentes sur le terrain, la Turquie, la Russie, l’Iran et les monarchies du Golfe, elles y défendent avant tout leurs intérêts. Si l’on veut peser sur l’issue du conflit, faudra-t-il donc se salir un peu les mains, discuter avec le « diable » ? « Parler n’est pas négocier, négocier n’est pas faire des compromis et faire des compromis n’est pas capituler », souligne à ce propos Pierre Grosser (voir p. 62). Il sera en tout cas difficile de se contenter d’incantatio­ns vertueuses. En attendant, s’il est un domaine dans lequel il est possible de satisfaire nos principes sans trop de peine, c’est celui de l’accueil des réfugiés. Or la France a enregistré trente fois moins de demandeurs d’asile que l’Allemagne depuis 2011 ! La droite française ne s’est pas précipitée pour saluer le courage d’Angela Merkel. La gauche, elle, semble nettement plus accaparée par la défense des 35 heures que par la solidarité avec les naufragés syriens. A l’Orient ses complicati­ons, à nous la tartuferie

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