Estonie, les secrets du pays start-up
Grâce au numérique, les Estoniens ont réformé leur Etat et dopé leur créativité. Et si on s’en inspirait ?
La Fuckup Night s’est terminée par une discussion à bâtons rompus dans un sauna. Ce soir d’hiver, Triin Kask a pris le micro et déroulé ses presque 2 mètres pour raconter à une assemblée d’entrepreneurs la façon dont elle a imposé son agence de contenu mobile dans la Silicon Valley. Elle raconte son ascension jalonnée d’échecs. C’est le principe de la soirée : chaque intervenant revient sur les difficultés qu’il a surmontées pour mieux avancer. Au Spring Hub, un espace de coworking situé à Tallinn, la capitale de l’Estonie, on travaille habituellement vautré sur un pouf en écoutant des enreg is t r e ments de be r g e r o nnet t e de s ruisseaux. Mais cette nuit-là les pros du Web ont écouté sagement avant d’avaler quelques piparkoogid – des biscuits secs aux spéculoos – et, pour les plus téméraires, de rejoindre l’atmosphère brûlante et sèche du sauna. Après avoir fait monter la température à 90 °C, deux trentenaires ont continué à rêver d’aventures américaines autour d’une bière Indian Pale Ale locale. Une manière de faire le vide et de repartir à 100 à l’heure, dès l’aube, le lendemain.
Ce pays – qui n’existait pas il y a un siècle – détient le record mondial de start-up par habitant ! Un territoire quinze fois plus petit que la France, recouvert pour moitié par la forêt et qui compte, avec 1,3 million d’habitants, dix fois moins d’âmes que la seule agglomération parisienne. L’Estonie, qui enseigne depuis dix ans le code informatique aux enfants, est le pays européen qui arrive en tête du fameux classement international Pisa… Un pays modèle pour la chancelière allemande, Angela Merkel, le Premier ministre du Japon, Shinzo Abe, le prince Andrew, l’ancien directeur de la Station spatiale européenne Jean-Jacques