Dans la famille Balkany, le juge demande le fils…
« J’ai gagné beaucoup d’argent, j’ai payé beaucoup d’impôts, mais aujourd’hui je suis ruiné. »
Lorsque, à la rentrée 2014, une Bentley avec chauffeur dépose devant l’école américaine de Londres les enfants d’un nouveau couple d’arrivants, l’affaire fait sensation au sein de la communauté des Français. Pas franchement discret, le trentenaire au sourire Ultrabright qui vient de s’installer avec son épouse dans une immense maison de Notting Hill est vite identifié. Que fait ici Alexandre Balkany, le fils du maire de Levallois-Perret ? Personne ne le sait, d’autant que le jeune homme, qui se présente comme un entrepreneur ayant très bien vendu sa boîte, est assez vague sur ses activités. Plus disert sur son train de vie, il décrit à qui veut l’entendre ses derniers joujoux de millionnaire : jet privé six places et hôtel particulier de 280 mètres carrés à Neuilly-surSeine. De quoi intriguer ses amis, mais aussi les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, chargés depuis la fin de 2013 d’une enquête pour « blanchiment de fraude fiscale » visant le maire de Levallois et son épouse.
Deux ans plus tard, rien ne va plus pour le flamboyant Alexandre. Mis en examen pour fraude fiscale dans l’affaire de ses parents, il est dans le collimateur du fisc, qui lui réclame 450 000 euros. Toute la famille a quitté Londres, devenue trop chère, et l’hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine est en vente. Ce bien d’exception, avec sa piscine et son hammam, est aujourd’hui proposé à 4,1 millions. Contrairement à ce qu’affirmaient certaines rumeurs, il n’aurait pas encore trouvé preneur et serait menacé de saisie par la justice.
Une justice qui, à l’en croire, s’acharne sur sa famille. « J’avais réglé 70 % de ma caution quand on m’a envoyé en prison. J’ai eu le témoignage de gens dans le système pénitentiaire qui m’ont assuré qu’ils n’avaient jamais vu ça. Il y a des dealers qu’on laisse dehors sans qu’ils aient payé le tiers de ce qu’ils doivent ! » dénonce-t-il. Convoqué lundi 20 février devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, qui lui reprochait de ne pas s’être acquitté de l’intégralité de la caution de 100 000 euros réclamée, Alexandre Ba l ka ny s’ e s t pr és e nt é av e c 10 000 euros. Affirmant avoir déjà financé la caution de 1 million pour sa mère, Isabelle, il a expliqué qu’il n’était pas parvenu à réunir les 30 000 euros manquants. Un coup de bluff, selon les magistrats, qui l’ont envoyé illico à la prison de Fleury-Mérogis. Le trentenaire y a passé quatre jours, avant d’être libéré grâce à « des prêts d’amis » .
A l’origine de ses ennuis, un embrouillamini financier autour du riad Dar Gyucy de Marrakech, « véritable palais des mille et une nuits », au dire de ceux qui y ont séjourné. Habitués des lieux, les époux Balkany avaient au début affirmé aux policiers être de simples invités dans cette villa louée par un membre de leur famille. Interrogé, Alexandre confirme leur version et ne se démonte pas lorsqu’on lui demande pourquoi c’est sa mère qui a payé les 41 000 euros de mobilier de jardin via une société panaméenne. « Je n’ai pas d’explication » , répond-il aux enquêteurs. L’homme n’est pas du genre à se laisser intimider par l’uniforme : arrêté en 2003 au volant d’une Porsche Carrera au bois de Boulogne, il leur sert une fable et repart libre… alors qu’il est sous le coup d’une suspension de permis de quatre mois.
Autodidacte. Se dépêtrera-t-il aussi facilement de l’affaire Dar Gyucy ? Rien n’est moins sûr. Les investigations semblent démontrer que les baux présentés sont fictifs et qu’Alexandre a menti pour couvrir ses parents. Isabelle et Patrick seraient les véritables propriétaires du riad, acquis en 2009 pour un peu plus de 5 millions d’euros grâce aux virements de deux généreux bienfaiteurs étrangers à qui le maire de Levallois aurait rendu service. Multipropriétaires, les Balkany possédaient en plus du palais de Marrakech une villa à Saint-Martin estimée à 3 millions d’euros et un immense « moulin » à Giverny, récemment mis en vente à 6 millions d’euros. « Mes parents sont d’honnêtes travailleurs qui ont fait beaucoup pour leur ville et pour la France. Par ailleurs, ils disposent par héritage d’une fortune familiale que les journalistes feignent d’oublier » , se défend leur rejeton.
Lui se présente comme un entrepreneur autodidacte, « qui n’a jamais reçu un sou de sa famille » . Sa fortune ? Il l’aurait faite en
Ses salariés décrivent une sorte de « mini-Trump en ayant dans le pantalon ».