LA CHASSE AUX DÉPENSES PUBLIQUES
Les deux adversaires sont convaincus de la nécessité de s’attaquer enfin sérieusement à la dérive des dépenses. Emmanuel Macron propose 60 milliards d’économies en cinq ans par rapport à leur évolution spontanée estimée à 1,3 % par an. Ce qui revient à faire baisser de 3 points leur montant par rapport au PIB, aux alentours de 52 %. Un chiffre encore supérieur à la moyenne de la zone euro, mais en partie lié aux spécificités du système français, dans lequel les retraites sont quasi entièrement publiques. François Fillon, de son côté, ambitionne d’en supprimer presque le double. Son plan d’économies atteint 100 milliards par rapport à l’augmentation enregistrée chaque année (sans que le chiffre de ce « tendanciel » ait été dévoilé). De quoi, espère-t-il, ramener la dépense publique vers 50 % du PIB à la fin du mandat.
Dans l’équipe Macron, on souligne la nécessité de ne pas tailler trop fort afin de ne pas prendre le risque de casser le dynamisme indéniable de l’économie de la zone euro ces derniers mois. Une analyse proche de celle du FMI, qui reconnaît aujourd’hui que couper trop vite dans les dépenses publiques peut être contre-productif, quand d’autres Etats pratiquent également la rigueur budgétaire. Le candidat d’En Marche ! se distingue par un plan d’investissement de 50 milliards d’euros sur quatre ans, axé sur la formation, la transition écologique, la modernisation de l’administration et la santé. Son entourage en est persuadé, c’est en investissant qu’on peut ensuite réorganiser en profondeur pour dégager des économies. Exemple : la rénovation thermique des bâtiments publics qui permet de réduire la facture énergétique. L’investissement public permettra, à terme, de relever la croissance potentielle de la France, durement affectée par la crise. Mais tout le défi sera de s’assurer que ce plan ne se transformera pas en dépenses courantes.
Le plan d’économies de Macron ne sera pas pour autant facile à mettre en oeuvre. L’ancien ministre veut faire porter l’effort sur l’assurance-chômage par un meilleur contrôle de la recherche d’emploi des chômeurs. Ceux-ci ne devraient plus pouvoir refuser plus d’une offre d’emploi correspondant à leurs qualifications. Grâce à une baisse du chômage espérée à 7 % en fin de mandat, contre 9,7 % fin 2016, les économies devraient
Macron en est persuadé, c’est en investissant qu’on peut ensuite réorganiser en profondeur pour dégager des économies.