Hugh Jackman, l’adieu aux lames
, confie l’acteur, qui, après « Logan », ne sera plus Wolverine.
Il a jadis incarné le roi Lear au théâtre, dans son Australie natale. Et, quelque part, c’est bien le roi des surhommes à l’écran qui s’apprête à quitter son trône. Dix-sept ans de règne dans le rôle du superhéros aux griffes indestructibles Wolverine, découvert pour la première fois à l’écran dans le film « X-Men », de Bryan Singer. Un record. Depuis, Hugh Jackman, 48 ans, aura joué ce mutant aux cellules régénérescentes à huit reprises – cinq longs-métrages « X-Men » et trois films centrés sur Wolverine luimême, dont ce « Logan » qui puise son titre dans le surnom privé du héros. Tout un symbole : « Avec le réalisateur, James Mangold, on ne voulait pas raconter encore une aventure du superhéros, mais parler de l’homme derrière Wolverine. Et je n’ai jamais autant aimé le personnage qu’avec ce film » , promet Jackman, rencontré au dernier festival de Berlin, où « Logan » était projeté hors compétition. Malgré le pansement disgracieux sur son nez cachant les traces de l’ablation récente d’un carcinome basocellulaire (sa sixième opération en trois ans contre un cancer de la peau récidivant), Hugh rayonne. « J’ai lu que j’avais précipité le tournage de “Logan” parce que je n’en avais plus pour longtemps, mais non, tout va bien ! » ricane-t-il, manifestement dans une forme éclatante. Affûté comme une lame dans son costume bleu acier parfaitement coupé, conforme à sa réputation de star des plus simples et affables, il semble ravi de dire adieu à son alter ego griffu : « Je vais enfin pouvoir manger plus de pain et boire plus de bière ! Plus sérieusement, je ne voyais vraiment pas quoi faire de plus avec Wolverine, il était temps de raccrocher. »
Rattrapé par l’âge et sa lassitude des régimes protéinés ultracontraignants auxquels il a dû se plier tous les deux ans pour gagner la masse musculaire du héros, l’acteur amoureux des comédies musicales jure que « Logan » est sa dernière danse. Il n’était donc pas question de partir sur un faux pas : « Je me souviens d’une réunion chez Fox où j’ai posé des conditions très claires pour un troisième film, nous explique-t-il entre deux gorgées d’une drôle de mixture blanchâtre qu’on lui apporte dans un shaker en pleine interview (“une boisson à base de protéines vitaminées que
m’a prescrit mon dermatologue”). J’ai dit ce jour-là que je voulais un ton proche d’“Impitoyable” ,de Clint Eastwood. Un film pour adultes, sur la valeur de la vie et la façon dont nous voulons quitter ce monde : en ayant fait la paix avec nous-même ou en hurlant et en donnant des coups, comme le jour de notre naissance. L’histoire de Logan est celle d’un homme terrifié par l’intimité, qui préfère la solitude parce qu’il a perdu tous ceux qu’il aimait, mais qui a une chance de rédemption avant de partir. » Jackman assure que « si la Fox n’avait pas voulu faire ce film-là, je le comprenais tout à fait, mais il valait mieux qu’ils me cherchent un remplaçant. Ils ont dit oui tout de suite » . Et accordé à la star et à son réalisateur le privilège rare de pouvoir faire de « Logan » un long-métrage ultraviolent, sombre et mélancolique, contrairement aux deux premiers opus orientés vers les adolescents. Une expérience rarissime pour un film de superhéros, genre lourd d’enjeux industriels liés aux ventes de jouets et donc quasi exclusivement conçu pour le très grand public. Ce règne hollywoodien des justiciers masqués, encensé par les uns, honni par les autres, Hugh Jackman l’incarne certainement plus que tout autre acteur.
A l’heure de passer son sceptre à un potentiel