Aïssa Maïga, énergie solaire
La comédienne, qui a déjà quarante films à son actif, bouillonne de projets et pense au théâtre.
Tête d’affiche du film « Il a déjà tes yeux », de Lucien Jean-Baptiste, Aïssa Maïga éclaire de sa simplicité cette comédie sur l’adoption d’un adorable bébé blond par un jeune couple de Noirs. Des dialogues pleins d’humour et un jeu d’acteurs sans fausse note ont déjà attiré plus de 1 million de spectateurs. Installée devant un thé vert, cette maman de deux ados savoure un succès qui ne la surprend pas vraiment. « Ç’a été un tournage heureux et ce superbe accueil est très doux à vivre, parce que nos métiers sont faits de moments de doute. Sur le plateau, on sentait bien que cela fonctionnait. Mais il y a beaucoup de paramètres pour un bon démarrage. Cela dépend des sorties la même semaine ou la précédente. Il suffit d’une vague de froid pour que les gens restent chez eux ! »
Des éclats de rire ponctuent les phrases qu’elle déroule sobrement pour rappeler son parcours, ses rencontres et ses projets. Elle évoque l’adolescente à la vocation d’actrice précoce, admiratrice de Romy Schneider et de Gena Rowlands, quand en 6e, élève au lycée Voltaire, à Paris, elle suit les cours de théâtre donnés par sa professeure de français, qui monte une comédie musicale. Elle lui doit son premier rôle. « Elle jouait la fée, j’étais la fleur ! » Si elle se plaint du temps grignoté par les mails et les réseaux sociaux, elle doit à Facebook d’avoir retrouvé Daisy, son enseignante intuitive et humaniste devenue une amie proche.
En vingt ans, une quarantaine de films, dont « Bamako », d’Abderrahmane Sissako, « Caché », de Michael Haneke, « Les poupées russes », de Cédric Klapisch, ou récemment « Corniche Kennedy », de Dominique Cabrera, lui ont permis de se révéler avec la même aisance dans des registres très différents. Un parcours qu’elle ne doit, selon elle, qu’au travail, encore et toujours. Actuellement mobilisée par le tournage du « Rêve français » pour France 2, téléfilm historique consacré au Bumidom, le bureau pour le développement des migrations d’outre-mer, fondé en 1963, elle caresse d’autres espoirs.
Née à Dakar d’un père malien et d’une mère sénégalaise et gambienne, se sentant riche de son héritage multiculturel, elle bouillonne d’envie de tourner aux Etats-Unis et pourquoi pas en Asie. Elle chérit aussi un vieux rêve : « Remonter sur les planches et interpréter un grand rôle dramatique, celui d’Antigone, de Sophocle, confie-t-elle. Il faudrait que je bouge pour provoquer le destin. » On peut lui faire confiance