Le Point

Bottier haute couture

Visite des ateliers de Massaro, chausseur attitré de Chanel fondé en 1894.

- PAR MARINE DE LA HORIE

Apeine franchie la porte de cette ancienne usine d’allumettes, une odeur de cuir et de liège nous enveloppe. Nous sommes en région parisienne, où les ateliers de Massaro – autrefois situés rue de la Paix, au-dessus de la boutique – ont déménagé en 2015. Quelques artisans font une pause et sirotent un expresso devant une photo les montrant bras dessus, bras dessous avec la mégastar américaine Pharrell Williams. La salle voisine sert de stockage pour les matières premières et offre un choix infini de cuirs, peaux exotiques, gros-grain et blocs de chêne-liège pour les semelles compensées… Jean- Etienne Prach, directeur général de Massaro, nous entraîne dans une pièce où sont entreposés des milliers de formes en bois. Les platform shoes de Lady Gaga y côtoient les escarpins de Juliette Binoche et les mules d’une princesse. Massaro excelle en effet aussi bien dans les escarpins que dans les baskets constellée­s de perles de Desrues ou de plumes de Lemarié, des maisons d’art également dans le giron de Chanel.

L’histoire d’amour entre Massaro et Chanel commence en 1957, quand Gabrielle Chanel demande au bottier de lui réaliser une sandale bicolore, perchée sur des talons de 6 centimètre­s. Depuis, Massaro façonne toujours les chaussures des défilés haute couture Chanel et des métiers d’art. Côté style, c’est Laurence Dacade, au studio Chanel et sous la direction de Karl Lagerfeld, qui dessine chaque saison environ 80 modèles.

Mais les clients peuvent aussi laisser libre cours à leur imaginatio­n. L’excentriqu­e fashionist­a Daphne Guinness est ainsi, depuis de nombreuses années, une adepte de pantalons-bottes haut perchées, mais… sans talons, grâce à une semelle à plateforme qui s’arrête au niveau du cou-de-pied. Massaro, qui confection­ne un tiers de ses modèles pour hommes, propose par ailleurs un service d’orthopédie très pointu.

Le rituel est immuable : les clients grande mesure sont reçus sur rendez-vous dans la boutique parisienne pour imaginer les souliers de leurs rêves. Chaque paire est ensuite confection­née sur mesure par une quinzaine de bottiers, dont des meilleurs ouvriers de France. Les artisans fabriquent d’abord toujours la forme, en bois d’orme. Après le patronage suivent le piquage et le montage du soulier sur mesure, qui est très physique et peut demander jusqu’à vingt heures de travail. La touche finale est réservée au bichonnage et à la patine. Il aura fallu environ deux mois pour que naissent entre leurs mains ces souliers d’exception

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Haut perché Massaro propose des créations originales, sur mesure.
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Exception Le seul bottier au monde à proposer aussi de la grande mesure pour femme et de l’orthopédie.
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Audace Massaro imagine des modèles d’une exquise féminité.
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Tradition Il faut compter deux mois pour la fabricatio­n, à l’ancienne, d’une paire de souliers.

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