Le Point

Thatcher, Blair… les recettes anglaises

- CLÉMENT LACOMBE ET MARC VIGNAUD

En 1979, quand Margaret Thatcher prend la tête de la Grande-Bretagne, le pays est rongé par l’inflation et a dû faire appel à l’aide du FMI trois ans plus tôt. La Dame de fer applique un programme d’austérité accompagné d’une politique monétaire très restrictiv­e, et ce sans dévaluer la livre. Une politique qui entraîne d’abord une chute de l’activité et une période de déflation. Des pans entiers de l’industrie, notamment de l’industrie lourde, maintenus artificiel­lement en vie, sont fermés. Le chômage double. Mais la cure commence à produire ses effets à partir de 1982. Le chômage diminue peu à peu, pour atteindre moins de 7 % au début des années 1990. La révolution blairiste, elle, ne commence pas à l’arrivée au pouvoir de Tony Blair en 1997, mais dès 1994, lorsqu’il prend la tête du vieux Parti travaillis­te, transformé en New Labour. Le Britanniqu­e théorise la « troisième voie », enterre toute référence à la lutte des classes, concilie promotion de l’entreprise et lutte contre la pauvreté : « Ni les recettes de la vieille gauche ni celles de la droite actuelle ne vont marcher. » Les premières années, il réduit fortement les dépenses publiques, qui passent de 50,8 % du PIB en 1997 à 37,5 % en 2000, tout en créant un salaire minimum. En septembre 1999, il explique qu’après avoir attaqué les conservate­urs du camp d’en face il est désormais temps de s’attaquer aux conservate­urs de son propre camp, en réformant l’enseigneme­nt ou le système de santé. Une aura effacée par ses cinq dernières années au pouvoir, engluées dans la guerre en Irak. Quand David Cameron arrive à Downing Street, en 2010, lui aussi a théorisé un programme clair : la « Big Society », un monde où l’Etat n’étoufferai­t plus la société civile, encourager­ait les initiative­s individuel­les, les associatio­ns de terrain, comme des écoles gérées par des parents (les free schools). Il fait subir une diète sévère à la dépense publique en supprimant 400 000 emplois publics. Il baisse aussi fortement l’impôt sur les sociétés pour créer un choc de confiance. Assez rapidement, la croissance du pays devient la plus importante des pays du G7, et le taux de chômage ne cesse de baisser. Un bilan qui n’a pas suffi à éviter le Brexit, nourri par les craintes liées à l’immigratio­n et les inégalités

 ??  ?? Victoire. Tony Blair, alors Premier ministre, et Margaret Thatcher célèbrent en juin 2007 le 25e anniversai­re de la guerre des Malouines.
Victoire. Tony Blair, alors Premier ministre, et Margaret Thatcher célèbrent en juin 2007 le 25e anniversai­re de la guerre des Malouines.

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