Seront votées à l’automne »
radicale. Nous voulons donner bien plus de place à la négociation et aux accords majoritaires dans les entreprises et les branches professionnelles. En cas d’accord avec une minorité syndicale, il pourra y avoir référendum. Nous allons aussi regrouper les instances de représentation des salariés en une seule. Ma deuxième réforme est celle de l’assurance-chômage : l’idée est de passer à une assurance universelle financée par la CSG plutôt que par les seules cotisations sociales, parce qu’il faut protéger tous les actifs, quel que soit leur statut. Troisième réforme : la formation professionnelle, parce que notre pays doit faire un effort massif sur les compétences. Je commencerai en transformant son organisation et en lançant la formation de 2 millions de jeunes et de chômeurs de longue durée.
C’est un modèle de flexisécurité, en somme ?
Exactement, à la scandinave. Aujourd’hui, le contrôle de la recherche d’emploi est trop faible et le système est injuste parce qu’il n’indemnise qu’une catégorie de la population, les salariés, et pas les indépendants. L’organisation de la formation professionnelle est inadaptée : on ne forme pas non plus ceux qui en ont le plus besoin. Je veux construire un système qui comporte à la fois davantage de droits et davantage de devoirs. Nous allons redéfinir les responsabilités de l’Etat, des partenaires sociaux et des régions, dans le cadre d’un système de gestion du chômage et de la formation professionnelle piloté par l’Etat.
Quelles sont vos autres grandes réformes ?
Celle de l’école, via une plus grande autonomie et des moyens renforcés dans les zones difficiles grâce à la division par deux du nombre d’élèves en CP et CE1. Il y aura aussi celle des retraites, celle de l’organisation territoriale, avec l’objectif de supprimer jusqu’à un quart des départements, et celle de la fonction publique.
Quel sera votre calendrier ?
Dès l’été, je lancerai les trois premières : celle de l’éducation, avec la division par deux du nombre d’élèves par classe de CP dans les territoires les plus en difficultés (REP+), dès septembre 2017. Celle du droit du travail et celle du chômage et de la formation seront votées à l’automne.
Et sur les retraites ?
Il y aura d’abord un travail technique sur la base des travaux du Conseil d’orientation des retraites, puis une concertation large, avec les partenaires sociaux et les partis politiques, pour faire voter un texte début 2018. Je précise que je ne changerai pas l’âge légal de départ à la retraite pendant le quinquennat. Je ne changerai pas non plus les règles pour ceux qui sont à cinq ans de l’âge de départ. Mais, après l’adoption du texte, 1 euro cotisé donnera lieu aux mêmes droits à la retraite pour tous. En dix ans, tout le monde sera sorti du système ancien. Les régimes spéciaux disparaîtront progressivement. A terme, le nouveau système permettra d’améliorer la situation des petites retraites.
Beaucoup reconnaissent que c’est une réforme structurelle. Le problème, c’est qu’elle ne produit pas d’économies pendant votre quinquennat…
François Fillon espère tirer 20 milliards d’euros en repoussant l’âge légal de 62 à 65 ans. Cela explique largement l’écart entre mon plan d’économies et le sien. Mais le problème de nos retraites, dans les prochaines années, n’est plus financier. Nous n’avons pas besoin d’une énième réforme d’ajustement des paramètres pour faire des économies de court terme sur le dos des retraités. Le moment est venu de proposer une réforme ambitieuse, qui rende enfin notre système de retraites clair, équitable et soutenable à long terme.
Certains vous accusent de ne pas faire de vraies économies. A côté de vos 60 milliards, vous proposez aussi un plan d’investissement de 50 milliards. 60 moins 50, ça fait 10 !
Raisonner ainsi n’est pas simplement faux, mais inquiétant. Les dépenses d’investissement ne sont pas des dépenses récurrentes ! Quand je ferai 15 milliards d’investissement une année, ils ne seront pas reconduits l’année suivante. Et ils permettront de réduire les dépenses de façon permanente. La rénovation de 40 millions de mètres carrés de bâtiments publics, pour un coût de 4 milliards, permet, à terme, de réduire les factures d’énergie de 400 millions par an. La gauche, qu’elle soit radicale ou classique, et je ne sais pas s’il y a encore beaucoup de différences entre les deux, considère que l’on peut dépenser sans compter. C’est une faute. On
« La gauche, qu’elle soit radicale ou classique, considère que l’on peut dépenser sans compter. » Emmanuel Macron