Le Point

DiCaprio et les loups de Kuala Lumpur

Un Premier ministre malaisien qui aurait détourné des fonds, une star inquiétée… Récit du casse du siècle.

- PAR SÉBASTIEN FALLETTI, ENVOYÉ SPÉCIAL À KUALA LUMPUR

«Je m’appelle Jordan Belfort. L’année de mes 26 ans, à la tête de ma firme de courtage, je me suis fait 49 millions de dollars, ce qui m’énerva vraiment car ça faisait à peine 1 million par semaine. » En déclamant cette réplique culte du film « Le loup de Wall Street », Leonardo DiCaprio ne réalise pas encore qu’il participe à la plus belle mise en abyme de l’histoire du ci- néma. La star ne se doute de rien lorsqu’elle descend les magnums de champagne, à Cannes, en compagnie du rappeur Kanye West, lors d’une des plus extravagan­tes soirées que la Croisette ait connues, en 2011, pour lancer un film dont le tournage n’a pas encore débuté. « Ils ont dû dépenser 3 millions de dollars rien que pour cette fête. Je me suis dit : c’est une p… de magouille. Quelqu’un qui fait ça a forcement volé l’argent » , confiera plus tard Jordan Belfort, le vrai – celui qui a fait de la prison pour malversati­ons à Wall Street –, dans une interview au site suisse finews.com. Un escroc sent l’odeur du blanchimen­t comme un junkie détecte la coke. « Leo », lui, ne sent rien et honore de sa présence les soirées organisées par Red Granite Pictures, la mystérieus­e maison de production qui a cofinancé le film de Martin Scorsese...

Seulement, aujourd’hui, le nom de l’acteur se retrouve associé au plus grand scandale de kleptocrat­ie jamais recensé par le départemen­t américain de la Justice. Des investigat­ions sont également en cours en Suisse, à Singapour… Car ce long-métrage, succès planétaire avec 392 millions de recettes mondiales, aurait bénéficié d’un financemen­t de 100 millions de dollars illégaleme­nt siphonnés via des montages complexes dans les paradis fiscaux. Autre motif d’inquiétude pour DiCaprio, sa fondation caritative – destinée à la protection de l’environnem­ent – aurait pu bénéficier de cadeaux et de dons de la part d’individus ciblés par les enquêteurs. Le FBI a interrogé l’acteur, qui ne fait l’objet d’aucune plainte et dit « soutenir entièremen­t tous les efforts pour s’assurer que justice soit faite dans cette affaire ».

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