LA FRANCE BLESSÉE D’ANNE SINCLAIR

Journal. Il y a eu la crise grecque. Les attentats. Le Brexit. Il y a eu Poutine, Assad, Erdogan, Trump, et il n’y a plus eu Renzi, Clinton ni Sarkozy. Il y a eu Alep, il y a toujours Mossoul. Et notre drôle de présidentielle. C’est sûr, les dixhuit derniers mois ont été « fracassants, captivants, inquiétants » . Chaque soir de ces presque deux ans, la journaliste Anne Sinclair écrivait pour y noter ses analyses et ses impressions, à chaud, sur l’actualité. En ressort un journal mordant, souvent drôle, d’une liberté et d’une acuité revigorantes. Very bad trip. « 9 août 2015. Vu les extraits du premier débat sur Fox News : Donald Trump est pitoyable et Jeb Bush assez pauvre. Trump est un clown cynique, raciste, sexiste (…). Sa rhétorique est ce que l’Amérique peut faire de pire. » Matin de guerre. « 16 novembre 2015. L’esprit du 16 novembre n’est pas celui du 11 janvier. La course à l’échalote des sécuritaires bat son plein, l’important n’étant pas de proposer des mesures réalistes, applicables, utiles, mais de parler pour paraître en phase avec les peurs des Français. » Mal élevé. Avec Nicolas Sarkozy, sur DSK : « Je sais ce que c’est, vous et moi, on a vécu la même chose ! –… ? ! – Eh bien oui, la rupture d’un couple ! (…) On se comprend, hein ? » Miaou. « 25 octobre 2016. Si Jean-Christophe Cambadélis était un animal, ce serait un matou. Un matou malin. Un gros félin embusqué. Mais, malgré son sourire en coin, toujours ironique, c’est un chat triste sans beaucoup de souris à traquer. » MARINE DE TILLY « Chronique d’une France blessée », d’Anne Sinclair (Grasset, 586 p., 22 €).