Exposition : l’incroyable chasse au trésor de Damien Hirst
Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Voilà la question que posait le grand spécialiste de l’Antiquité Paul Veyne dans un livre resté fameux. Nos contemporains croiront-ils Damien Hirst ? Ils feraient bien : leurs rêves seraient plus beaux. Grâce à l’artiste britannique, la plus fabuleuse collection de trésors antiques – pièces d’or et d’argent, Gorgone de cristal et déesses de marbre callipyges – assoupie au fond de l’océan pendant près de deux mille ans, vient de faire sa réapparition au coeur de la Sérénissime.
Il était une fois, à la fin du Ier siècle de notre ère, un navire baptisé « Apistos ». « Incroyable », en grec ancien. Un bateau colossal, affrété par un dénommé Amotan, esclave affranchi d’Antioche devenu immensément riche, pour convoyer son extraordinaire collection d’oeuvres d’art vers un mystérieux temple au lieu-dit Asit Mayor. Voulait-il l’offrir aux dieux ? Le mettre à l’abri ? Nul ne le sait : les vents et les vagues eurent raison de ce musée voguant, envoyant par le fond sa précieuse cargaison ainsi que, selon certaines sources, son propriétaire.
Quand on croit à l’incroyable, il arrive que l’incroyable réponde. Damien Hirst, lui, y croit suffisamment pour avoir retrouvé, nous dit-il, l’endroit du naufrage, au large de l’Afrique de l’Est. Comment a-t-il fait ? Trop long à raconter. Disons qu’une énigmatique momie de bébé singe en or massif, enroulée sur elle-même, est parvenue entre ses mains. Et qu’elle a suffisamment stimulé l’exYoung British Artist, lui-même collectionneur et porté sur les obsessions pélagiques (« Leviathan », son requin nageant pour l’éternité dans un caisson rempli de formol, en atteste) pour le convaincre d’engager sa fortune, ainsi que les meilleurs archéologues sous-marins, dans une expédition qui lui a permis d’extraire ces trésors des entrailles de la mer. Franck Goddio, l’homme qui a découvert la ville submergée de Thônis-Héracléion et exploré le port antique d’Alexandrie, a été contacté. Et ce sont ces trésors, aussi incroyables que le nom du bateau, qui sont aujourd’hui présentés à Venise, à la fois au palazzo Grassi et à la pointe de la