Le Point

Trump veut-il vraiment la guerre ?

En frappant la Syrie, le président américain marque sa différence avec Barack Obama. Décryptage.

- DE NOTRE CORRESPOND­ANTE AUX ÉTATS-UNIS, HÉLÈNE VISSIÈRE

Lorsque Donald Trump décide de faire du charme à la Chine, il met en avant Arabella. La semaine dernière, elle était là, en robe bleu et blanc pour la venue de Xi Jinping et de sa femme à Mar-a-Lago, le club de golf du président en Floride. Au milieu d’un grand salon rococo, elle a d’abord chanté « Fleur de jasmin », une chanson populaire, puis récité des poèmes, le tout en chinois. Arabella, 5 ans, est la petite-fille de Trump. Mais l’effet n’a pas duré. Deux heures plus tard, pendant que les deux dirigeants dégustaien­t des soles au champagne puis du steak, deux destroyers lançaient des dizaines de missiles sur la Syrie. Au dessert, le président américain a informé Xi Jinping de l’opération.

La frappe a pris de court les Chinois, qui n’ont guère apprécié. Ils y ont vu une mise en garde à peine voilée : la Corée du Nord pourrait être la prochaine cible. L’attaque a aussi pris par surprise le reste du monde. Trump s’est toujours opposé à une interventi­on en Syrie et semblait indifféren­t au sort de Bachar el-Assad, mais il a justifié son action à la manière d’un George Bush à la veille de l’invasion de l’Irak : « Mes chers compatriot­es, ce soir, j’ai ordonné une frappe militaire ciblée sur un aéroport en Syrie… Il est dans l’intérêt vital de la sécurité nationale des Etats-Unis de dissuader et d’empêcher l’utilisatio­n et l’expansion des armes chimiques mortelles. »

On croyait Trump isolationn­iste, le voici interventi­onniste. C’était oublier ses discours contradict­oires. Celui d’un chef d’Etat qui promet « l’Amérique d’abord » et veut arrêter de jouer le gendarme du monde.

« Son mode d’action suggère une volonté de prendre publiqueme­nt n’importe quelle position pourvu qu’elle l’arrange à un moment donné. » Philip Gordon, ex-conseiller d’Obama

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