Le Point

Evasion : Rome

Le légendaire Hotel Eden s’est refait une beauté. Nous l’avons visité en exclusivit­é.

- PAR MARION TOURS

En ce début avril, l’effervesce­nce est à son comble à l’Hotel Eden. Le soleil a beau être à son zénith et la villa Borghèse afficher un visage printanier, les équipes n’en ont cure, tant il reste mille et un détails à régler. Et pour cause, après un an et demi de travaux, l’établissem­ent, inauguré en 1889 et dans lequel se sont succédé les plus grands monarques tout comme Ingrid Bergman, John F. Kennedy et le poète Gabriele D’Annunzio, rouvre ses portes, entièremen­t rénové, via Ludovisi, non loin de la place d’Espagne et de la villa Médicis.

A quelques heures du jour J, Claire Bétaille et Bruno Moinard n’en finissent pas d’arpenter les étages, peaufinant le réglage des lumières, ajustant au passage un tableau ou une gravure ancienne et caressant du bout des doigts les étoffes italiennes qui ornent les fenêtres. Voilà plus de trois ans que le duo d’architecte­s travaille à ce projet lancé par le groupe Dorchester, propriétai­re de l’hôtel, tombé sous leur charme depuis la rénovation, en 2014, du Plaza Athénée, à Paris, figure de l’enseigne. « Une fois la confiance installée, on peut aller vers des choses plus fortes, note Claire Bétaille au soir de cette deuxième collaborat­ion. Chaque fois, nous tentons de retrouver l’ADN des lieux. Pour cela, nous prenons le temps de comprendre l’endroit, mais aussi les personnes qui y travaillen­t. »

Les associés n’en sont pas à leur coup d’essai dans l’univers du luxe. C’est eux qui, depuis quinze ans, réinventen­t les boutiques Cartier dans le monde. Eux également qui ont été choisis par François Pinault pour la transforma­tion de Château Latour, à Pauillac, dans le Médoc. Eux encore qui viennent de signer le nouveau Four Seasons à Londres et son restaurant piloté par Anne-Sophie Pic. Eux enfin qui réaliseron­t le deuxième hôtel Baccarat à Doha, au Qatar, avant de s’atteler à la nouvelle table d’Alain Ducasse à Pékin, aux Galeries Lafayette à Dubai et à d’autres projets à Paris, Monaco, Berlin, Budapest, Séoul et Hawaii. Selon Luca Virgilio, directeur de l’Hotel Eden, la différence tient à ce qu’ « ils mettent les établissem­ents en avant plutôt qu’eux » . Fait assez rare pour être signalé.

« Pour son adresse à Rome, le groupe Dorchester avait une attente : offrir un hôtel qui soit intégré dans son environnem­ent, expliquent-ils. Les clients devaient pouvoir l’iden- tifier dès leur réveil. Il fallait donc que ce ressenti soit sensuel, tactile. A partir de là, nous avons imaginé un véritable palais romain avec des touches contempora­ines. » On découvre ainsi au fil du lounge et du lobby : colonnes ; lampes en bois tourné ; fresques et peintures en trompe-l’oeil ; comptoirs en marbre sculpté ; motifs en feuilles de laurier identifiés aux thermes de Caracalla ; meubles d’époque réinterpré­tés telles ces banquettes envelours,clind’oeilauxfes­tinspompéi­ens ; caissons en plâtre doré qui ne sont pas sans rappeler la coupole du Panthéon ; couleurs de la ville (beige, ocre, terre de Sienne…) distillées çà et là. Et, sur le sol blanc, noir et gris, des dessins géométriqu­es conférant à l’ensemble une étonnante modernité.

Sobres et lumineuses, les 98 chambres et suites (contre 121 auparavant), toutes différente­s et aux dominantes rouge, vert ou doré, regorgent de détails et de références à l’Italie. A commencer par les toiles de Jouy XVIIIe habillant les dressings ; les rideaux et tissus d’ameublemen­t siglés Dedar et Rubelli ; les lampes en verre soufflé de Murano ; les têtes de lit monumental­es avec damas, miroirs verticaux et

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Depuis le restaurant Giardino, vue àLegende.180degrésL­egendesur la Ville éternelle.
 ??  ?? L’une des 98 chambres, conçue comme un écrin doré.
L’une des 98 chambres, conçue comme un écrin doré.

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