Vins : saumur-champigny
En 1990, l’appellation a misé sur la qualité. Elle en récolte aujourd’hui les fruits.
En 1957, les vignerons du Saumurois délimitaient, selon des critères géologiques précis et sur les zones viticoles de neuf communes, le terroir de l’appellation saumur-champigny. Le cru fête donc cette année ses 60 ans, plutôt ses « trois fois 20 ans » , précise Philippe Porché, vigneron au Domaine de Rocheville, à Parnay, et président du Syndicat des vins de Saumur : « Vingt ans, c’est le bel âge, et présenté comme ça… c’est l’occasion de faire plusieurs fois la fête ! » Le programme est copieux, avec en point d’orgue les Grandes Tablées, 6 000 repas servis en deux jours, au pied de l’hôtel de ville de Saumur, avec dégustation de plusieurs millésimes de la Cuvée des 100 vignerons. « Une cuvée syndicale, à laquelle chacun contribue en donnant un peu de raisin, qui a le mérite de favoriser la cohésion entre les vignerons », poursuit Philippe Porché. Il est vrai qu’au sein du cru l’union fait la force. L’appellation a longtemps produit des rouges de comptoir souvent dilués et acides, marqués par le petit goût de poivron typique des cabernets pas mûrs, héritage du productivisme des années 1960. Mais le spectaculaire virage des années 1990, dans la foulée du bon millésime 1989, a changé la donne. Les jeunes entreprennent d’identifier les terroirs et de travailler sur la maturité des raisins pour trouver le juste équilibre entre fraîcheur, rondeur et fruité. En 2004, les zones écologiques réservoirs (ZER), favorables à la diversité biologique, sont mises en place, sous l’impulsion de Thierry Germain, du Domaine des Roches neuves. L’image des vins en a profité, et Clotilde Legrand s’en réjouit. Installée depuis trois ans sur le domaine familial, dans les pas de ses parents, René-Noël et Régine, elle propose aujourd’hui des cuvées des millésimes 2010 et 2011 que lui réclament de très bons restaurants gastronomiques : « Nos vins vieillissent très bien, nous n’avons pas à rougir face aux autres régions ; professionnels et amateurs le savent, pour les moins connaisseurs il y a encore du travail à faire, mais, avec des vins de qualité, ça n’est pas très difficile de convaincre. »