Samy Chaar : « Le marché européen peut croître de 5 à 10 % d’ici la fin de l’année »
Après une période d’incertitude, les indicateurs repassent au vert.
Le Point : Après avoir craint le pire, les marchés semblent minimiser le risque politique. Est-ce votre cas ? Samy Chaar :
Les marchés continuent de se focaliser sur l’élection présidentielle française. Mais, depuis plusieurs semaines, les gérants – et nous en faisons partie – ont fait un travail analyt i que s ur l e s di f f é r e nts s c é narios possibles. Nous sommes arrivés à la conclusion que les obstacles – d’abord la présidentielle puis les législatives – rendent la sortie de l’euro compliquée. L’éloignement du risque systémique a d’autant plus rassuré les investisseurs que l’incertitude politique a masqué l’amélioration de la situation économique en Europe et dans le monde. Production industrielle, emploi, balance des comptes courants… tous les indicateurs sont passés au vert.
La Bourse devrait donc continuer à monter ?
Du fait des incertitudes politiques, les marchés européens accusent un retard par rapport aux EtatsUnis. Si les partis populistes ne l’emportent pas, le potentiel d’appréciation en zone euro se situe entre 5 et 10 % d’ici la fin de l’année.
Quels secteurs peuvent en profiter ?
Samy Chaar, chef économiste chez Lombard Odier
Les secteurs qui profitent de la reprise cyclique. A savoir les valeurs industrielles, les banques. Nous privilégions de nouveau les groupes exposés aux marchés émergents compte tenu du rebond de leurs économies et de la stabilisation des prix des matières premières. Mais, de manière générale, l’important est de se repositionner sur les actions. Le choix des marchés et des secteurs est secondaire.
La hausse des taux ne peut-elle pas contrecarrer la reprise des marchés actions ?
Au contraire ! La hausse des taux reflète l’amélioration de la situation économique. Elle éloigne le spectre d’une déflation. On est loin d’un scénario négatif de hausse excessive des taux, encore néga- tifs sur de nombreux titres.
Vous écartez tout risque de krach obligataire ?
Oui. La BCE normalisera sa politique monétaire de manière progressive, d’abord en réduisant ses achats d’actifs puis en relevant les taux. La hausse sera d’autant plus progressive qu’il existe des forces de rappel puissantes : un taux de croissance qui demeure faible, une démographie peu porteuse, un endettement élevé des Etats.
Il n’y a donc pas de risque de contagion si la Fed remonte ses taux plus vite que prévu ?
Pour les mêmes raisons que pour l’Europe, la Fed augmentera ses taux de manière graduée, d’autant que le risque de surchauffe lié à l’élection de Donald Trump s’atténue.
Après l’échec de la suppression de l’Obamacare, l’inquiétude semble se reporter sur les EtatsUnis. Les marchés ne sont-ils pas allés trop vite et trop fort sur le programme de Donald Trump ?