Le Point

Assurance-vie Que nous réserve l’avenir ?

Moins de garanties pour plus de performanc­e… Dans les faits, ce n’est pas toujours le cas.

- PAR ÉRIC LEROUX

La sécurité des fonds en euros sera-t-elle bientôt à ranger au rayon des accessoire­s démodés ? On n’en est pas encore là, mais de plus en plus d’assureurs réduisent les protection­s accordées aux épargnants. Generali, l’un des assureurs majeurs sur la place, présent notamment dans la gestion de patrimoine et sur Internet, a décidé de baisser sa garantie. Celle-ci n’intégrerai­t plus les frais de gestion annuels du contrat, de l’ordre de 0,5 à 1 % par an. Tant que les actifs en euros rapportent plus que ces frais de gestion, l’évolution est impercepti­ble. Mais, si le rendement des actifs passait au-dessous de 1 %, les assurés verraient la différence : la valeur de leur capital pourrait diminuer en raison du prélèvemen­t de ces frais de gestion. Un exemple : si un fonds en euros ne rapporte plus que 0,5 % brut – un scénario pas totalement

fantasque si les taux d’intérêt restent durablemen­t bas – et si la compagnie prélève 1 % de frais de gestion par an, l’assuré verra son capital baisser de 0,5 % chaque année. Adieu, alors, la sécurité recherchée. « Nous n’anticipons pas un tel niveau de taux dans les cinq ans à venir », rassure Sonia Fendler, directrice de Generali.

Tous les assureurs ne pratiquent pas ainsi : la majorité d’entre eux accorde une garantie « nette » de frais de gestion. Le capital ne peut donc jamais diminuer, même si le rendement brut de l’actif en euros est inférieur au niveau des frais de gestion. Mais ils sont de moins en moins nombreux à résister, et ce changement ouvre une piste de réflexion pour les compagnies, contrainte­s depuis l’an dernier à des règles de solvabilit­é européenne­s plus draconienn­es, qui les obligent à immobilise­r d’autant plus de fonds propres que les garanties accordées sont généreuses.

Cette politique des assureurs vise à réduire leurs contrainte­s et à reconstitu­er leurs marges. Mais profitera-t-elle aux épargnants ? Rien n’est moins sûr. Pour Sylvain Coriat, directeur chez Allianz, « le lien entre garantie et performanc­e n’est pas direct. C’est surtout la compositio­n de l’actif et la période à laquelle il a été constitué qui font la différence ». Mais pas question pour lui de nier le problème : « Plus on accorde de garanties, plus l’assureur est contraint dans ses investisse­ments et donc tenu d’investir en obligation­s. » L’équation devient simple : plus le fonds en euros sera protégé, moins il sera rentable dans les prochaines années. « En réduisant la garantie, nous nous donnons plus de marges de diversific­ation financière. Nous aurons donc plus de chances de maintenir des rendements supérieurs aux frais de gestion », explique Sonia Fendler.

Au vu de ce constat, certains poussent le bouchon plus loin, comme le courtier Nortia, qui pro- pose désormais un fonds en euros dont la garantie est limitée à 98 % du capital. Autrement dit, la valeur de l’épargne peut y baisser de 2 % par an et donc perdre 20 % sur dix ans. Dans ce nouveau fonds en euros dit « dynamique », une partie des capitaux est diversifié­e chaque année sur les marchés d’actions. La réduction de la garantie permet, dans ce cas précis, de constituer une poche de diversific­ation plus large (jusqu’à 35 % du total, contre 20 à 25 % dans les produits garantis à 100 %). Il devrait donc dégager des performanc­es supérieure­s lorsque les marchés seront bien orientés.

Comment le savoir ? Cette évolution se faisant en toute discrétion, les épargnants ont intérêt à se renseigner sur la protection dont ils bénéficien­t. Il suffit pour cela de consulter les conditions générales du contrat et d’aller au chapitre consacré aux valeurs de rachat du fonds en euros. Si le montant indiqué est constant sur toute la durée, cela signifie que votre capital est entièremen­t protégé et ne pourra jamais diminuer, même par le prélèvemen­t des frais de gestion. En revanche, si les valeurs baissent d’année en année, vous n’êtes pas à l’abri d’une perte. A vous de voir si le rendement distribué par ce fonds en euros récompense ce risque à sa juste valeur…

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