Le Point

Vu de Cimiez

- Patrick Besson

Soirée électorale à Cimiez chez Catherine Couton-Mazet après une journée passée au cinéma Les Variétés (« Sous le même toit », de Dominique Farrugia, avec l’inouï Manu Payet, qui apparaît, hélas, trop peu dans le film), sur la plage du Sporting (champagne Ruinart et crêpes au sucre) et dans un pub anglais du Vieux-Nice pour regarder un laborieux Toulouse-Nice (1-1) au milieu d’un attroupeme­nt de jeunes hommes seuls fascinés par la jolie barmaid blonde au col blanc déboutonné. Les joueurs de l’OGCN avaient trop chaud. La chaleur de Toulouse et celle de Nice ne sont pas les mêmes. Il y en a une lourde et une légère.

Les soirées électorale­s, qui étaient des soirées télé, sont devenues des soirées textos : tout le monde, avant 20 heures, reçoit les scores sur son iPhone. L’importance d’un invité se mesure au nombre de messages qui lui sont envoyés. A ce jeu, Catherine nous a battus à plate couture : on lui a écrit de Londres (sa fille Clarisse), de Bruxelles (son amie la comtesse de Roquemaure­l), de Grasse (le grand industriel Philippe Maubert, récemment décoré de la Légion d’honneur), de Paris (Jérôme Béglé) et de Nice (sa fille Violaine et Nicole Rubi, de La Petite Maison). Tous stupéfaits par l’absence de François Fillon au second tour, pourtant annoncée par tous les sondages depuis le début de la campagne présidenti­elle. On a perdu confiance dans les instituts d e s o ndag e , a l o r s q u’ e n France, au contraire de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, ils sont d’une exactitude presque incroyable.

Je ne me souviens plus de la dernière fois où j’ai voté. Je n’arrive pas à faire le lien, dans mon esprit, entre l’isoloir et la démocratie. Je militerais volontiers pour le vote obligatoir­e, ça me permettrai­t de voter de nouveau, car je fais toujours ce qui est obligatoir­e, c’est mon côté socrato-kantien. Du reste, comment faire une chose qui n’est pas obligatoir­e ? J’ai le même problème avec le suffrage universel que François Hollande avec le mariage : autant de mal à mettre le nom d’un homme politique dans une enveloppe que le président de la République en a à glisser une alliance au doigt de sa bien-aimée.

Les choses qui, ce soir du dimanche 23 avril 2017, m’ont fait plaisir : les meringues préparées par Catherine, les petits farcis qu’elle avait achetés chez Quirino, le saint-julien 2008 de Philippe, les buts de Falcao et de Mbappé contre Lyon vus sur Canal + dans une autre pièce de l’appartemen­t, « Alain Zannini » (Le Rocher, 2002) retrouvé dans la bibliothèq­ue de notre hôtesse. J’ai eu une pensée pour toutes ces têtes de ministres qui allaient disparaîtr­e dans les prochains jours et je me suis demandé quelles têtes de ministres allaient apparaître dans les prochaines semaines. Ça ne m’a pas étonné qu’Emmanuel Macron fête sa victoire à La Rotonde (≈≈), le restaurant l’a nourri pendant toute la campagne. Bien meilleur que le Fouquet’s ( )

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