Les agents recruteurs de Macron
Ils sont trois à tenter chaque semaine de convaincre leurs camarades de droite de sauter le pas en rejoignant Emmanuel Macron. L’essayiste et conseiller de l’ombre d’Emmanuel Macron, Mathieu Laine, s’active en coulisse auprès des juppéistes, notamment. A ses côtés, l’ex-ministre de Chirac transformé en « M. Législatives » du candidat d’En Marche !, Jean-Paul Delevoye, reçoit à bras ouverts les candidats LR aux législatives et tente d’être le plus conciliant possible. Enfin, Renaud Dutreil, ex-ministre des PME de Chirac devenu entrepreneur, a créé une structure, La droite avec Macron, pour appâter ceux qui craindraient de perdre leur sensibilité de droite en ralliant l’ancien ministre de Hollande. vrait avoir lieu à l’automne, et mise, pour réussir, sur les errances macronistes de ses collègues démocrates-chrétiens. A ses yeux, « pas de crise structurelle d’idées, la droite est en phase avec ce que pense le pays » ; la seule crise que l’actuel vice-président de LR aperçoit, c’est « celle des opportunistes qui vont passer chez Macron » . Il ne le dit pas, mais on imagine qu’il s’en délecte. Une fois le parti débarrassé de ses éléments les plus centristes, les plus fédéralistes, celui qui a rédigé un essai eurosceptique en 2014, « Europe : il faut tout changer ! », veut lutter contre l’assistanat. ll a fait entrer Sens commun dans les instances de l’UMP époque Sarkozy et espère sans doute avoir les coudées franches pour restaurer le mouvement populaire et conservateur dont il rêve.
Car Laurent Wauquiez aussi voit en la réussite de Macron un espoir, en négatif. Tandis que le quinqua François Baroin, chef de file de LR pour les législatives, se dit en petit comité convaincu que l’élection du jeune Macron « emporterait au moins deux générations de politiques » , Wauquiez, pour sa part, propose sa vision originale : « L’erreur, en politique, c’est de penser que le modèle est celui qui vient de réussir. Macron n’a pas de colonne vertébrale clairement identifiée, pas d’enracinement dans l’Histoire, il a seulement déverrouillé un truc sur l’âge. » Et l’anti-Macron promis à un brillant destin, bien sûr, c’est lui.
Mais, pour l’heure, l’avenir, quel qu’il soit, apparaît incertain. Avant de penser la recomposition idéologique et humaine de leur parti, les responsables politiques de droite dans leur ensemble, et dans le brouillard, semblent surtout occupés à dénombrer les députés LR qui rejoindront l’Hémicycle au lendemain des législatives. Si aucun ne semble croire à une victoire, certains parient sur un groupe suffisamment large pour peser et faire entendre la voix de la droite. D’autres pronostiquent une défaite retentissante. Mais, qu’il y ait cohabitation, coalition ou implosion, tous anticipent un grand chambardement
« La matrice de la droite, c’est zéro tolérance en matière de sécurité, moins d’immigration, la guerre contre le terrorisme, le refus du multiculturalisme et la lutte contre le gaspillage d’argent public. » Laurent Wauquiez