La CGT et le FN en concurrence
C’est devenu une habitude. Sur chaque piquet de grève, à chaque sortie d’entreprises en difficulté, un petit groupe de militants Front national tracte. Leur message est grosso modo celui énoncé face caméra par leur cheffe de file, Marine Le Pen, lors de son déplacement le 26 avril, à Amiens, pour contester la fermeture du site Whirlpool : « Je suis ici à ma place, au milieu des salariés qui souffrent, qui résistent à la mondialisation sauvage, à ce modèle économique honteux. » Ce n’était pas la première fois, mais la septième, que les salariés de Whirlpool croisaient le FN à la sortie de leur usine depuis le début du conflit social. Des militants qui se fondent parfaitement au milieu des représentants syndicaux… Le verbe est fleuri, et les slogans quasi les mêmes que ceux de la CGT. « Si on n’est pas attentifs, si on ne lit que la première page, on peut se laisser tromper. Cela ressemble à notre analyse, l’écriture est la même » , reconnaît Pascal Debay, chargé d’une commission de travail « Lutte contre les idées d’extrême droite » au sein de la CGT. Concrètement, le syndicat de Montreuil multiplie les réunions partout en France pour échanger et contre-argumenter avec sa base afin, ensuite,
explique Dominique Jamet, le vice-président démissionnaire de Debout la France. D’ailleurs, Jamet raconte que Nicolas Dupont-Aignan lui-même n’a pas rejoint Marine Le Pen sur la question du souverainisme, mais que la « corbeille de ce mariage » est « la promesse d’ ê t re c he f du gouvernement » . Contrairement à Jamet, Henri Guaino, qui déclare que Macron représente « tout ce qu’il a toujours combattu » , refuse de jeter l’op- de propager la bonne parole parmi ses troupes. « Cette initiative demande à être développée. Les salariés et les ouvriers se posent beaucoup de questions » , ajoute Pascal Debay. Mais il y a des fédérations de la CGT, comme Info’Com, qui ne veulent rien entendre des recommandations venues de Montreuil et qui considèrent Emmanuel Macron aussi dangereux que Marine Le Pen : « Le libéralisme représente un danger autoritaire autant que le néofascisme ouvre un danger totalitaire. »
Pour convaincre les siens, la CGT publie depuis janvier une série de fiches – 12 exactement – pour démonter le discours du FN sur la mondialisation, la monnaie, la fiscalité… et « prouver » que, sous les slogans, les deux – CGT et FN – sont bien différents. « C’est de l’usurpation d’identité. Quand on creuse un peu les sujets, on voit la différence » , nous assure Philippe Martinez, le numéro un de la CGT. Ces dernières années, une vingtaine de militants CGT ont été exclus de leur syndicat pour s’être présentés à des élections locales sous l’étiquette FN
probre sur le FN : « Le FN n’est plus un parti d’extrême droite. Il y a un ADN. Ça ne veut pas dire que tous les membres du FN sont enracinés dans l’origine de ce parti. Je suis choqué par la hargne de l’establishment à son égard » , s’indigne-t-il. Mais si le député Républicain ira à la pêche dimanche, c’est parce qu’il n’adhère tout simplement pas à son discours « populiste et poujadiste » : « Ils font une simplification du monde entre ce qui est bien et ce