Le Point

Belgrave, set et match

Dans la série grands crus classés abordables, une très bonne affaire en haut-médoc…

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On ne sait pas grand-chose de l’histoire de Belgrave, dont les archives ont disparu. Il fut peut-être créé par des Anglais au temps où ceux-ci fréquentai­ent, arquebuse en main, la contrée d’Aquitaine. Il passa entre les mains de différente­s familles avant d’être repris par deux frères pieds-noirs qui se détestaien­t. A tel point que, selon le notaire qui organisa la vente en 1979, les discussion­s fraternell­es se déroulaien­t fusils sur la table. C’est alors la pacifique Union française de gestion, émanation du Crédit mutuel, qui proposa un « produit innovant » : un groupement foncier agricole à ses clients qui souhaitent investir contre un fermage versé soit en argent, soit en vin. Ce GFA vite constitué contacte un négociant de Bordeaux, Dourthe-Kressmann, devenu depuis CVBG, qui gérait déjà d’autres propriétés. Il est dirigé alors par Jean-Paul Jauffret, champion de tennis dont le frère François a été un des piliers de l’équipe de France en Coupe Davis dans les années 1960 et 1970. « Il y avait de gros investisse­ments à faire. Le cuvier ressemblai­t au style cave coopérativ­e d’Afrique du Nord, comme ceux construits au temps du vin d’Algérie, assez innovant d’ailleurs », raconte Frédéric Bonnaffous, le patron technique des domaines CVBG. Première grande nouveauté, la thermorégu­lation, c’est-àdire le contrôle des températur­es dans les cuves de fermentati­on : « Belgrave a été un des premiers équipés ainsi. » Suivra un nouveau cuvier, inauguré en 2004. « En 2007, on a rénové le chai à barriques qu’on avait construit en 1982-1983. Mais le gros boulot a été dans le vignoble : mis à part 4 parcelles, on a tout replanté. Sur 60 hectares de vignes, il n’en reste que 6 antérieurs à 1979. » Aujourd’hui, Belgrave, en pleine forme, produit plus de 200 000 bouteilles de cru classé auxquelles s’ajoutent 125 000 de Diane, le second vin. Et tout cela à des tarifs très raisonnabl­es. « Le fait d’être aussi négociants nous permet de maîtriser la distributi­on. On n’a pas d’intermédia­ire. On veut que les vins soient débouchés et que le consommate­ur en achète d’autres… » Collection­neurs, s’abstenir !

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Frédéric Bonnaffous, responsabl­e du domaine de Château Belgrave.

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