La pilule sans ordonnance, quelle drôle d’idée !
C’ est curieux comme l’usage du médicament s’est banalisé en France. Un collectif de pharmaciens, le Planning familial, la directrice d’ hôpital féministe Clara de Bort, des médecins blogueurscom me Martin Winckler et Dominique Dupagne en donnent un exemple supplémentaire ; 80 signataires, toutes et tous très responsables, ont écrit aux laboratoires pharmaceutiques pour leur demander de s’engager publiquement à déposer auprès des Agences nationales de sécurité du médicament française et européenne un dossier d’autorisation de mise sur le marché d’une pilule progestative sans ordonnance avant le 8 mars 2018, Journée internationale des droits des femmes. Leur courrier #Liberezmapilule veut faire avancer le droit des femmes – ô combien légitime – à disposer d’un accès facilité à la contraception. Il s’appuie sur les arguments du Collège américain des obstétriciens et gynécologues, qui recommandait en 2012 d’autoriser cette mesure, car « un grand nombre de preuves montrent que les femmes sont capables d’évaluer si l’utilisation de la pilule contraceptive est possible en répondant à un questionnaire avec l’aide d’un pharmacien ». Et comme en 2017 un laboratoire, qui plus est français, a déposé une demande de commercialisation aux Et ats-Unisd’ une telle pilule, ce qui serait une première, ils demandent qu’il en soit de même de ce côté de l’Atlantique.
Mais cette idée semble dangereuse dans notre pays marqué par des scandales médicamenteux à répétition, à commencer par celui – tout récent – des pilules de 3e et 4e génération. Les pétitionnaires indiquent que ce « nouveau » droit est déjà une réalité en Russie, en Turquie, au Portugal. Des exemples guère enviables de sécurité sanitaire…
Il est vrai que certaines jeunes filles et femmes craignent de consulter un gynécologue pour demander la pilule, mais elles peuvent déjà aller chez une sage-femme, dans les excellents centres du Planning familial, ou chez un généraliste. Comment imaginer que, dans les conditions actuelles de fonctionnement d’une pharmacie, elles puissent être accueillies sereinement et en toute confidentialité afin de répondre à un questionnaire de santé ? Même composée uniquement de progestatifs, la pilule reste un médicament, avec ses effets indésirables : saignements, troubles des règles, boutons, prise de poids. Elle doit être prise chaque jour à heure fixe. Pour certaines d’entre elles, au-delà de trois heures d’oubli, il existe un risque de tomber enceinte. La contraception vaut mieux que de telles idées, qui s’apparentent à du bricolage
MÊME COMPOSÉE UNIQUEMENT DE PROGESTATIFS, LA PILULE RESTE UN MÉDICAMENT, AVEC SES EFFETS INDÉSIRABLES : SAIGNEMENTS, TROUBLES DES RÈGLES, BOUTONS, PRISE DE POIDS.