Maroquinier avec un grand M
Le malletier Moreau renaît sous l’impulsion de Fedor Georges Savchenko.
L’histoire de Moreau démarre à Paris en 1882, en plein âge d’or des malletiers et maroquiniers de luxe. Ses malles reconnaissables à leur cannage sérigraphié, inspiré de celui des paniers en osier, envahissent les paquebots, encombrent les cabines de l’« Orient-Express » ou recouvrent les toits des premières automobiles. Jusqu’à ce que la marque tombe dans l’oubli. Elle est aujourd’hui reprise et revampée par la maison Rovnoff et Fedor Georges Savchenko, son directeur artistique.
Après des études de mode à Kiev, Fedor Georges Savchenko part tenter sa chance à Paris, au Studio Berçot. En dix ans, il passe par des maisons de couture et de maroquinerie. Pour s’imprégner de la culture de la maison Moreau, il se plonge dans les archives. « Certaines commandes datent du milieu du XIXe siècle. On y retrouve les motifs en jacquard ou le cannage en osier. L’impression sur les malles, les clous et la bijouterie signés sont arrivés plus tard. La personnalisation s’est démocratisée dès la fin du XIXe siècle pour éviter les contrefaçons » , explique cette encyclopédie vivante.
Fedor Georges Savchenko a déjà imaginé une quinzaine de basiques pour homme et femme, avec trois nouveautés chaque année. On adore quand il revisite le cabas ou la trousse de docteur de façon chic et contemporaine. Le tout entièrement personnalisable. Mais chaque sac est avant tout pratique, comme ces modèles réversibles ou pliables, avec des poignées réglables. Un soin extrême est apporté à la fabrication. Fedor Georges Savchenko a une prédilection pour le cuir barenil, nourri aux huiles essentielles. Les fermoirs guillochés sont en laiton palladié. Les teintures de tranches sont faites à la main et les poignées renforcées par quatre épaisseurs de cuir. Les grosses coutures évoquent le fil bourrelier, issu de l’équitation. Il faut parfois jusqu’à trente heures pour suturer un seul modèle. « J’ai travaillé avec des ateliers situés en Italie, en Inde, en Afrique du Nord et en Chine, mais le savoir-faire français est unique par la finesse des gestes », martèle ce passionné qui fait façonner tous ses modèles entre Vichy, Clermont-Ferrand et Blois.
« On voulait faire les pièces comme il y a cent ans, en changeant les proportions pour remettre la forme au goût du jour et coller aux nécessités actuelles. Surtout, on a voulu apporter un twist rigolo pour le marquage, en proposant notamment le signe Peace & Love. Et on a fait aussi un sac de yoga ! » s’amuset-il. Des pépites à découvrir dès à présent dans leur toute nouvelle boutique du 49, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris