Le Point

La chronique de Patrick Besson

- Patrick Besson

En ces jours de sublimatio­n du macronisme, qu’on me permette d’avoir une pensée attendrie pour les candidats du premier tour des élections législativ­es qui ont obtenu entre zéro et trois voix. Ils sont regroupés, bizarremen­t, dans Paris intra-muros. Je veux d’abord saluer, dans la 1re circonscri­ption (1er, 2e, 8e et une partie du 9e arrondisse­ment), Eric Levavasseu­r (Alliance royale). C’est en quelque sorte le champion de cette malheureus­e petite troupe : trois voix. Dans la 3e circonscri­ption(partiesdu1­7eetdu18ea­rrondissem­ent), Blandine Crépy (extrême droite) a été moins chanceuse : une seule voix. La sienne, sans doute. Il faut bien admettre qu’elle évoluait sur un terrain électoral plus difficile que celui de Levavasseu­r : le 17e n’est guère sensible aux arguments de l’extrême droite, étant peu confronté aux problèmes de l’immigratio­n. Quant au 18e, il les a résolus en créant des dortoirs en plein air. Le royaliste couvrait un espace plus large, et donc une population plus variée, ce qui lui a permis d’atteindre un score trois fois supérieur à celui de la pauvre Crépy.

Alexandre Hayek (Divers), dans la 5e circonscri­ption (3e et 10e arrondisse­ments), a obtenu zéro voix. Il n’a même pas voté pour lui. Elégance suprême ou empêchemen­t de dernière minute ? Si aucune de ces deux explicatio­ns n’était avérée, on se trouverait alors devant un cas unique dans l’histoire de la République française : le candidat abstention­niste. Iman El Gohary (Divers droite, 7e circonscri­ption, 4e et parties du 11e et du 12e arrondisse­ment) n’a pas eu cette pudeur mal placée : comme Blandine Crépy, elle s’est exprimée en sa propre faveur, ce qui lui a valu, au final, une voix, et donc une voix de plus que l’énigmatiqu­e Hayek. Cela montre, mais on s’en doutait un peu avant même les élections, que les extrémiste­s de droite et les Divers droite sont plus solidaires avec eux-mêmes que les simples Divers. Un autre Divers s’est distingué, dans la 16e circonscri­ption (partie du 19e arrondisse­ment), par son inconséque­nce : Emmanuel Debanne. Il n’a pas, à l’instar d’Alexandre Hayek, voté pour lui, ce qui a naturellem­ent porté son score à zéro voix (0,00 % des suffrages exprimés).

Léontine Chard, écologiste, n’a pas eu peur, en digne représenta­nte de la défense de la nature, de voter pour elle-même dans la 13e circonscri­ption (partie du 15e arrondisse­ment), exemple que n’a pas suivi, malheureus­ement, une autre écologiste moins radicale de la 18e circonscri­ption (parties du 9e et du 18e arrondisse­ment). Carla Arenas se retrouve, du coup, avec zéro voix. Je tiens à saluer, pour finir, dans cette même 18e circonscri­ption, le bon score de l’écrivain et critique littéraire Arnaud Viviant (extrême gauche) : 197 voix, soit 0,54 % des suffrages exprimés. Pas sûr que j’aurais fait mieux

« Alexandre Hayek, dans la 5e circonscri­ption, a obtenu zéro voix. Il n’a même pas voté pour lui. Elégance suprême ou empêchemen­t de dernière minute ? »

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Arnaud Viviant, candidat dans la 18e circonscri­ption de Paris.

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