Arabie saoudite-Iran La guerre qui ef fraie le monde
Epicentre. L’affrontement entre les deux pays a commencé en Syrie et au Yémen. Entre sunnisme et chiisme, pétrole et diplomatie, enquête sur un choc décisif.
La liste comprend treize exigences : fermeture de la chaîne de télévision Al Jazeera, rupture des relations avec l’Iran et la Turquie, paiement de plusieurs milliards de dollars… Telles sont les conditions imposées au Qatar par l’Arabie saoudite, l’Egypte, Bahreïn, les Emirats arabes unis. En échange, ces pays accepteront de lever l’embargo contre Doha. Officiellement, celui-ci a été décrété au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais personne n’est dupe. Au moment où, en Syrie et en Irak, l’Iran chiite marque militairement son territoire, l’Arabie saoudite, sunnite, n’a qu’un objectif : remettre au pas le Qatar, sunnite lui aussi, mais qui entretient des relations cordiales avec Téhéran.
Pour le royaume saoudien, qui se voit comme le leader du monde sunnite, il n’est pas question de laisser l’Iran sortir de l’isolement dans lequel il était plongé depuis les années 1980 et devenir à son tour un leader régional concurrent. Quitte à faire parler les armes. C’est déjà le cas au Yémen, où l’Arabie saoudite et l’Iran s’affrontent dans une guerre où chacun démontre la toute-puissance de ses armements.
Parce qu’il met en jeu les principales réserves pétrolières et gazières du monde, mais aussi parce que le jeu des alliances régionales est infini (la Turquie soutient le Qatar ; celui-ci abrite des bases militaires américaines ; l’Iran est l’allié objectif de la coalition internationale contre Daech en Irak, etc.), ce qui se passe au Moyen-Orient n’est pas une simple querelle régionale. C’est un conflit majeur qui menace la stabilité du monde et, bien sûr, l’économie mondiale – en premier lieu celle de l’Europe.
La responsabilité des Etats-Unis est considérable. En oubliant le rôle traditionnel de son pays – celui de pacificateur –, Donald Trump jette de l’huile sur le feu. Il y a danger