L’incendiaire de Sanaa
lence dans sa résidence. Mais Saleh, lui, renaît. A 75 ans, il sort de sa retraite et accomplit l’impe ns a b l e : un pa c t e a v e c l e s Houthis, une communauté du nord-ouest du pays, issue d’une branche du chiisme et soutenue par l’Iran… La bête noire du grand voisin saoudien.
Lui qui leur a mené six guerres, y compris avec l’aide de l’Arabie saoudite, il parade désormais à leurs côtés. Il y a deux mois, il parvient même à réunir des centaines de milliers de partisans au centre de Sanaa. « Sacrifions nos vies pour le Yémen ! » entonne la foule. Sur scène, Saleh exulte. Avec son ancien ennemi houthi, il contrôle à présent la capitale et 40 % du pays. « I l s ’ e s t c onstruit l ’ i mage d’ un homme courageux, prêt à se battre et qui reste parmi les siens. Tout ça plaît aux gens », dit Mustapha Noman, ancien vice-ministre des Affaires étrangères. De quoi ulcérer Riyad, qui voit en lui un suppôt de Téhéran. De quoi, aussi, prolonger le chaos.
Car le Yémen n’en finit pas de sombrer. Ravagé par le choléra, miné par Al-Qaeda et pilonné depuis plus de deux ans par une coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite, qui poursuit un objectif : rétablir à Sanaa le gouvernement légitime, chassé par les Houthis en septembre 2014. Le tout dans l’indifférence de la communauté internationale et au prix de 8 000 morts. Sauf qu’il faut maintenant compter avec l’inusable Saleh. « C’est l’empereur du mal, il est à l’origine de tous les problèmes », juge l’écrivain yéménite Habib Abdulrab Sarori, auteur de « La fille de Souslov » (Actes Sud). Pourtant, en 1978, à son arrivée