Mohammed ben Salman, le prince va-t-en-guerre
A seulement 31 ans, Mohammed ben Salman vient d’être propulsé par son père prince héritier de la couronne. Une décision capitale : en cas de décès de l’actuel souverain, âgé de 82 ans et affaibli, le dauphin deviendrait le nouveau roi, et pour longtemps. Fils préféré du roi, « MBS » possède une simple licence de droit de l’université du Roi-Faysal, à Riyad, ce qui ne l’a pas empêché de devenir, en 2015, le plus jeune ministre de la Défense au monde. MBS a également la haute main sur la politique étrangère, l’économie et le pétrole. Réputé impulsif et même agressif, le jeune prince entend marquer le retour de l’Arabie saoudite sur le devant de la scène régionale. Farouchement opposé à l’Iran chiite, Mohammed ben Salman a lancé son pays, dès 2015, dans une hasardeuse guerre au Yémen contre les rebelles houthis, soutenus par Téhéran. Deux ans et dix mille morts plus tard, l’intervention est un inextricable fiasco. Mais son aventurisme demeure. Adoubé par Donald Trump, l’homme fort de Riyad a décidé, avec les Emirats arabes unis, de mettre au ban le Qatar, qu’ils accusent de soutenir les Frères musulmans et de ne pas être assez hostile à l’Iran. La fougue de MBS s’exerce également à l’intérieur du royaume. Le prince héritier est en effet à l’origine de Vision à l’horizon 2030, un programme ambitieux de réformes visant à sortir le pays de sa dépendance au pétrole et à réduire la mainmise des religieux ultraconservateurs sur la société. Deux chantiers colossaux, mais indispensables à la survie de la monarchie al-Saoud