Le Point

L’amant 2.0

L’Italienne Elena Stancanell­i conte la jalousie au temps des réseaux sociaux.

- S. P.

Voici le roman-choc de l’amour au temps des réseaux sociaux. En Italie, il a valu à l’Italienne Elena Stancanell­i d’être finaliste de plusieurs prix, dont le Strega, le Goncourt transalpin. Cette romancière au regard acerbe, chroniqueu­se à La Repubblica, débusque ce qui dérape dans notre modernité avec une ironie salvatrice. Anna, l’héroïne, bascule du côté de l’obsession lorsqu’elle découvre que son amant la trompe. Après leur rupture, elle chavire. Jusqu’à l’espionner par tous les moyens : piratage de sa messagerie, géolocalis­ation de son téléphone… Dans cet enfer amplifié par les nouvelles technologi­es, Anna se perd. Elle s’enferme, cesse de manger, se coupe de tous, ne pense plus qu’à approcher sa rivale détestée (dont elle a trouvé des selfies érotiques). La voilà désormais accro à la surveillan­ce virtuelle… jusqu’à un point de nonretour ? « Nous ne sommes pas ici sur le terrain de la réalité, mais dans un monde de formules magiques, de poupées vaudoues, de fantômes. » Elena Stancanell­i raconte le quotidien qui vrille avec une précision vertigineu­se et cinglante. « J’ai glissé de l’autre côté. Le côté obscur, stupide, inutile. Où l’on ne comprend plus rien, où l’on n’est plus qu’un petit être désemparé et tremblant. » Pourtant, porté par un regard caustique et savoureux de mauvaise foi, le récit ne manque pas d’humour. De quoi traverser avec un sourire (un brin inquiet) cette plongée dans les eaux troubles de l’amour blessé

« La femme nue », d’Elena Stancanell­i. Traduit de l’italien par Dominique Vittoz (Stock, 196 p., 19 €).

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Caustique. Elena Stancanell­i dépeint avec une ironie mordante les travers de notre société hyperconne­ctée.

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