Le Point

La moto vraiment verte

- MICHEL REVOL

Et si c’étaient celles que le motard du XXIe siècle attendait ? Elles s’appellent Ego et Eva, elles sont sculptural­es, incroyable­ment puissantes et, surtout, électrique­s. Le constructe­ur italien Energica y croit. Il a investi 17 millions d’euros pour les mettre au point ces deux machines, déjà vantées comme les « Tesla de la moto » . A l’essai, les deux belles sont décoiffant­es. Elles ont tous les avantages de l’électrique : non polluantes, silencieus­es, presque sans entretien, le tout pour un coût d’utilisatio­n d’environ 1 euro aux 100 kilomètres, énergie comprise…

Energica a-t-il décroché la martingale pour enfin faire décoller le marché du 2-roues électrique ? A l’image du BMW C evolution, scooters électrique­s et motos de petite cylindrée ont trouvé leur public. Les ventes ont explosé de 178 % entre 2015 et 2016. En revanche, les grosses machines patinent. Les grands constructe­urs sont plutôt attentiste­s. Harley-Davidson a lancé il y a deux ans un projet de roadster bodybuildé, mais on en est toujours au stade de projet. Ses concurrent­s japonais en sont à peu près au même point. Ils testent, réfléchiss­ent, mais butent toujours contre le même obstacle : une machine puissante nécessite une batterie volumineus­e, ce qui alourdit l’ensemble et, donc, réduit l’autonomie. Sans compter le temps de charge (au moins quatre heures sans chargeur rapide) et le manque de bornes disponible­s pour faire le « plein ».

Quelques sociétés se lancent pourtant sur plusieurs créneaux. Energica fait le pari du très haut de gamme : ses machines n’ont qu’une grosse centaine de kilomètres d’autonomie, mais coûtent environ 30 000 euros. Elles s’adressent donc à une clientèle plutôt fortunée, à la recherche d’une machine hors normes.

D’autres ont fait le choix inverse. Zero Motorcycle­s, une entreprise californie­nne, commercial­ise depuis peu une moto légère (moins de 150 kilos). Certains modèles Zero sont limités à 11 kW, pour que les détenteurs du seul permis B puissent les piloter. Elles ont la puissance déclarée d’une 125, mais des performanc­es dignes d’une grosse cylindrée. Pour parvenir à ce compromis, Zero a allégé au maximum sa monture, qui ressemble à une petite 125, et l’a dotée d’une batterie offrant, selon le constructe­ur, 300 kilomètres d’autonomie en mode économique. Prix moyen : 11 500 euros (moins 1 000 euros de prime de l’Etat). Depuis 2016, Zero a vendu 2 500 motos, preuve qu’un marché, même réduit, existe.

Un constructe­ur français, Electric Motion, pousse la logique encore plus loin. Puisque le poids et la vitesse excessive sont les pires ennemis de l’électricit­é, la société, créée par Philippe Aresten, vient de commercial­iser, pour environ 8 500 euros, un trail gracile (moins de 100 kilos) et très économe grâce à un bridage à 85 km/h. L’ETrek, c’est son nom, a certes des « performanc­es » à l’opposé des fusées Energica, mais, à 2 centimes d’euro le plein, on ne peut pas tout avoir

 ??  ?? Avec Ego (ci-dessus)s) et Eva (ci-contre), le constructe­ur Energica révolution­ne le marché de la moto. La Zero S de Zero Motorcycle­s : sa grande légèreté fait d’elle l’urbaine idéale.
Avec Ego (ci-dessus)s) et Eva (ci-contre), le constructe­ur Energica révolution­ne le marché de la moto. La Zero S de Zero Motorcycle­s : sa grande légèreté fait d’elle l’urbaine idéale.
 ??  ?? Le trial EM Sport d’Electric Motion : un poids et une vitesse réduits pour consommer moins.
Le trial EM Sport d’Electric Motion : un poids et une vitesse réduits pour consommer moins.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France