Le Point

Saransot-Dupré donne du lustre à Listrac

Millésime 2014. Le domaine a remporté la 7e Coupe des crus bourgeois, à laquelle Le Point est associé.

- PAR OLIVIER BOMPAS ET JACQUES DUPONT

Aucun millésime ne ressemble vraiment à un autre, c’est le charme du vin et… de la météo. La Coupe des crus bourgeois se déroulait l’an passé à Paris par un temps de chien. Celle-ci eut lieu à Bordeaux, en préambule de Vinexpo, sous un soleil de plomb. Par bonheur, au château Paveil de Luze, près de Margaux, ce dimanche matin, il faisait encore frais et les murs épais des chais où était installée la dégustatio­n nous préservaie­nt des agressions solaires. Puis le vin. Si 2013 fut un des plus difficiles millésimes à Bordeaux, 2014 fut « seulement » un des plus compliqués ! Mais si seul le résultat compte, 2014 est bien supérieur à son prédécesse­ur. Certains même, et c’est le cas du parrain de cette 7e édition, le distingué dégustateu­r Mark Walford, pensent qu’il se montre supérieur par endroits au très réputé 2015…

Retour en arrière : en 2014, tout avait bien commencé. Hiver relativeme­nt doux et les premières feuilles sorties dès mars, avec une forte poussée en avril. Puis mai a cassé cette belle mécanique naturelle. Du froid, du chaud, de la pluie en alternance aléatoire jusqu’en juin, provoquant une floraison à épisodes, puis une maturation déréglée des raisins, avec, au moment des vendanges, des baies noires bien mûres côtoyant des roses qui ne le sont pas… S’ensuivit un été lamentable aux tisons et, du côté du moral viticole, un état

proche du spleen de Baudelaire, avec esprit gémissant et jours noirs plus tristes que les nuits, où l’on voyait se profiler une sorte de « 2013, le retour ». Puis, comme par miracle, le beau temps s’est installé jusqu’à la mi-octobre, sauvant la vendange.

Au final, rien de parfait ni d’homogène ; de fortes pluies survenues en août ont apporté maladies et pourriture dans certaines zones du vignoble et le Médoc ne fut pas épargné. Il faut y ajouter des orages de grêle au nord… Mais les raisins qui ont survécu et profité du soleil de fin d’été ont donné des vins intéressan­ts, avec de la fraîcheur, un alcool plus mesuré qu’en 2015, un fruité préservé et des tanins plutôt agréables, comme les jurés de la coupe l’ont constaté. La victoire de Saransot-Dupré, un cru de Listrac, donne le sourire aux responsabl­es des crus bourgeois : « C’est une appellatio­n communale qui ne cesse de progresser et qui est encore mal connue », commente Olivier Cuvelier, le président de l’Alliance. A l’inverse de pauillac, de margaux ou de saint-estèphe, pas de grand cru classé célèbre sur l’appellatio­n. Mais une coop (Grand Listrac) qui travaille de mieux en mieux et des propriétai­res nouveaux, venus parfois de pas très loin comme Bruno Borie, plus connu pour son ducru-beaucaillo­u, ou d’un univers parallèle comme les frères Mommeja (Hermès), qui ont repris et rénové de fond en comble Fourcas Hosten. Un renfort de choix pour des domaines qui produisent de très bons rouges depuis longtemps, et pour qui la coupe remportée par Saransot figure une sorte de récompense collective

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Yves Raymond, viticulteu­r et propriétai­re de Saransot-Dupré, à Listrac-Médoc.

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