Le Point

L’Arsène Lupin du Far West

Le livre culte de la Beat generation reparaît en français.

- SOPHIE PUJAS

C’est le livre qui a fait battre le coeur de Kerouac et Burroughs. « J’y ai découvert ces vagabonds voleurs au grand coeur, dont le code de conduite me parlait davantage que les règles arbitraire­s et hypocrites de mes pairs » , écrivait ce dernier. « Personne ne gagne » (titre sous lequel les Mémoires du hors-la-loi Jack Black reparaisse­nt en français) est le récit d’une vie en dehors des marges.

De son vrai nom Thomas Callaghan, Jack Black naît en 1871 et fait ses premières armes dans une Amérique qui ressemble encore au Far West, avec ses saloons, ses prostituée­s et surtout ses hobos, cohortes vagabondes dont il adopte la vie errante. Rapidement devenu monteen-l’air, il raconte les difficulté­s de l’art de la cambriole et son flirt avec la mort. « La société, c’était l’ennemi. Un mur immense nous séparait. Je n’allais pas l’escalader et passer à l’ennemi juste parce que j’avais eu la poisse à quelques reprises. » L’homme est un cousin de Jack London : un aventurier doté d’une sacrée plume pour faire frémir les lecteurs au diapason de ses errances à haut risque, mais aussi un autodidact­e qui se forge une culture en prison. Il finira rangé (mais pas franchemen­t repenti) comme documental­iste pour un journal. Il dresse le tableau saisissant d’une fraternité des parias. Grâce à lui nous parvient la mémoire du peuple invisible des basfonds. Ils ont leur morale, dont Black reconnaît à l’occasion qu’elle réclame quelques petits arrangemen­ts avec la logique. Il a autant d’orgueil que d’humour et c’est ce qui fait le sel de ces souvenirs hautement romanesque­s. Cet Arsène Lupin du Far West s’arrange pour que l’une de ses victimes récupère les papiers qu’il lui a dérobés ou évoque avec dégoût les voleurs assez rustres pour user de violence gratuite : « Je n’ai rien à voir avec ce genre d’amateur. » Voleur, mais avec style

« Personne ne gagne », de Jack Black, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jeanne Toulouse (Monsieur Toussaint Louverture, 480 p., 11,50 €).

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Aventurier. Thomas Callaghan, alias Jack Black, un antihéros passionnan­t.

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