La disgrâce du roi des forains
Depuis trente ans, Marcel Campion règne sur les foires et manèges parisiens. Pris dans une enquête gênante pour la mairie, il est lâché par ses amis politiques. La fin d’un règne ?
C’est l’une des fêtes les plus courues de la saison tropézienne. Chaque été, le forain Marcel Campion, qui possède une splendide villa sur la route des Salins, organise une grande soirée « gipsy ». Aux amis de longue date, Michou et Régine, Delon, Belmondo ou encore la jet-setteuse Hermine de Clermont-Tonnerre, se mêlent alors, au son de la musique tsigane, les personnalités politiques de passage. Des élus locaux, mais aussi l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, il y a deux ans, ou encore l’édile du 8e arrondissement de la capitale, Jeanne d’Hauteserre. « Cette année, il y aura Thomas Dutronc et les Gipsy Kings. En revanche, je vais faire passer le message aux élus de Paris qu’ils ne sont plus les bienvenus » , avertit l’organisateur des festivités, qui se tiendront, cette année, le 3 août. Un avertissement inutile, tant ses amis politiques d’hier se sont déjà détournés de celui que l’on surnomme le « roi des forains ».
La volte-face la plus surprenante est sans nul doute celle de l’actuelle maire de Paris, Anne Hidalgo, qui garde désormais ses distances visà-vis de celui qu’elle appelait hier « Marcel », auquel elle n’avait pas hésité à donner son numéro de portable. « Sa directrice de campagne est venue me trouver avant les municipales pour que je rejoigne le comité de soutien. J’avais également été approché par sa rivale NKM, dont j’avais bien connu le père, maire de Sèvres, mais elle n’avait aucun projet concret pour les forains. J’ai donc accepté de soutenir Mme Hidalgo » , raconte Campion, qui nous reçoit à La Guinguette, « son » restaurant à la fête foraine des Tuileries. Si l’ambiance est un peu assoupie en ce jour de forte chaleur, le patriarche de 77 ans, toujours bon pied bon oeil, est, lui, très remonté. Il ne comprend pas le soudain refroidissement de ses relations avec l’élue parisienne, et encore moins ce qu’il considère comme une trahison : le récent lâchage par l’exécutif de la capitale, qui, le 3 juillet, a mis un terme au marché de Noël des Champs-Elysées. Implantée par Marcel Campion il y a un peu moins d’une décennie, cette attraction hivernale était décriée par l’opposition, qui jugeait « médiocres » et « mercantiles » ses stands. Un avis que n’avait jamais semblé partager la mairie de Paris. « Fin 2013, Anne trouvait encore mon marché très à son goût, puisque c’est dans un de nos chalets-restaurants qu’elle a lancé sa campagne. Je ne l’ai forcée à rien, c’est elle qui a voulu organiser cette soirée » , lâche le forain.
Cachez ce Campion (et ses manèges) que je ne saurais voir… Tel semble être le leitmotiv de la mairie de Paris depuis que Le Canard enchaîné a révélé, il y a un an et demi, l’existence d’une enquête visant l’ami des people. Au coeur des investigations menées depuis un an par le juge Van Ruymbeke, un contrat signé en mai 2015 qui lie pour deux ans la mairie de Paris à la société Fêtes Loisirs pour